Et si la gestion de la santé était basée autour d’un score numérique ?

Pour décrire les tendances qui façonneront le futur de la santé à horizon 2040, l’équipe prospective du Groupe AXA a exploré trois trajectoires possibles : le « solutionisme technologique », le « retour de bâton technologique » et « l’approche centrée sur le patient ». Ces trajectoires possibles s’appuient sur des enjeux majeurs susceptibles d’influer la vie des individus dans les prochaines décennies et d’avoir un impact sur les sociétés de demain.

Le secteur de la santé a connu d’immenses progrès de puis les années 1970 aussi bien en termes de traitement que d’accès aux soins, ce qui a contribué à l’augmentation de l’espérance de vie.  Pour autant, d’ici 2050, avec plus de deux milliards de personnes âgées de plus de 60 ans[1], les sociétés vont se retrouver confrontées à différents défis liés au vieillissement de leur population combinée à la baisse de la fécondité, allant de la diminution de la population active à l’augmentation des maladies chroniques telles que le cancer, les maladies cardio-vasculaires ou le diabète, en passant par les maladies non transmissibles. Dans la situation actuelle, ces maladies non transmissibles pourraient coûter 47 000 milliards de dollars à l’économie mondiale[2]. Ce coût pourrait affecter aussi bien les pays à revenu élevé d'Amérique du Nord, d'Europe et d'Asie de l'Est mais également certaines économies émergentes[3].

Les progrès technologiques ont néanmoins été spectaculaires ces dernières années en apportant rapidement des réponses à des problèmes liés à la santé au travers de la génomique, d’une utilisation croissante de l’IA, de la bio-impression 3D et de la réalité virtuelle[4]. La médecine devient également plus personnalisée, avec une attention particulière portée sur la prévention en intégrant toutes les composantes du bien-être physique et mental. Dans les années à venir, cette tendance pourrait être appuyée par le développement des wearables et objets connectés qui deviennent plus courant et offrent aux individus des moyens d’adopter des modes de vie plus sains et de gérer activement leur santé.

En outre, les solutions technologiques axées sur la prévention contribuent à alléger les contraintes budgétaires qui pèsent sur les gouvernements en matière de santé. Enfin, la crise du Covid-19 a démontré le rôle central de la santé mentale et sur les éléments de première nécessité : que ce soit en termes d’équipements que de personnels qualifiés. L’évolution de ces tendances lourdes sera également conditionnée par la confiance que les individus auront dans la technologie et sur la place de l’humain dans cette médecine de pointe.

C’est autour de la conjugaison de ces deux variables que l’équipe prospective du Groupe AXA a exploré diffé rents futurs spéculatifs – par définition fictifs mais ancrés sur des éléments de science et de données. Dans l’un des scenarios envisages, la gestion du système de santé dans son ensemble est organisée autour d’un indice numérique reflétant la santé des individus.

Et si la gestion de la santé était basée autour d’un score numérique ? Une vision possible du futur de la santé

Inspiré par le développement rapide et la place croissante prise par les données, le système renvoie aux individus un score qui a vocation à les aider à ajuster leurs comportements et à rester en bonne santé. Les lieux de la ville sont tous connectés, de sorte que l’ensemble des actions se traduisent en données et peuvent être intégrées à l'indice, contribuant à intégrer des actions préventives et à encourager les individus à prendre proactivement en charge leur propre santé.

La famille est considérée comme l'unité pertinente pour le suivi de la santé ; des centres locaux de santé développent l'indice de score de santé en partenariat avec des fournisseurs de technologie et les autorités sanitaires; le système d'indice intègre une approche holistique de la santé au travers notamment d’enseignements pour  la gestion de la santé mentale dans les écoles dès le plus jeune âge, l’aménagement d’espaces de méditation sur les lieux de travail.

Un système numérique d'évaluation des soins de santé est-il une idée farfelue ?

Ce scénario présente une vision possible - mais pas nécessairement souhaitable - de l'avenir. Si un tel système peut donner des capacités d’action aux individus, il peut aussi soulever des questions éthiques et politiques. Pour être performant, un tel système doit garantir que les données ne soient pas détournées à des fins commerciales, ni utilisées par le gouvernement pour surveiller sa population.

Sources

[1] World Health Organization (2018), “Ageing and Health”.

[2] World Health Organization (2020), “Noncommunicable Diseases”.

[3] Nonetheless, Africa is an exception as more than half of the continent’s inhabitants will be under 25 by 2050.

[4]US National Library of Medicine (2019), “Artificial Intelligence in Surgery — Promises and Peril”