Réactions des chaînes d’approvisionnement

Contenu original: AXA XL

Il peut arriver à tout le monde d’être pris de court par l’offre et la demande : les parents qui ont trop tardé à acheter la console de jeux vidéo dernier cri, ou le fou de technologie qui n’a pas jugé utile de camper sur le parking du centre commercial la veille de la sortie du dernier portable à la mode…

Et pourtant, personne n’aurait pu prédire qu’au milieu de l’année 2020, les grandes chaînes de supermarchés ou de pharmacies seraient confrontées à des mois de pénurie de produits de première nécessité. Une situation qui a perduré jusqu’à la fin de 2021. A New York, il était même devenu difficile d’acheter un bagel tant le fromage frais était devenu une denrée rare, ou de se procurer une dinde de taille raisonnable pour les repas de fête. Le nouveau canapé que vous aviez commandé pouvait mettre huit mois à arriver dans votre salon. Les parcs de voitures neuves étaient désespérément vides.

Plusieurs raisons expliquent les récentes difficultés rencontrées par les chaînes d’approvisionnement. En premier lieu, les confinements successifs, qui nous ont incité à consommer davantage pendant la pandémie. Selon le U.S. Bureau of Economic Analysis, les dépenses liées aux biens durables représentaient 1,5 billion de dollars en février 2020, avant la pandémie. Elles ont ensuite atteint le montant record de 2,1 billions de dollars et se sont maintenues à des niveaux très élevés jusqu’au mois de novembre dernier.

En ce début 2022, les chaînes d’approvisionnement rencontrent toujours certaines difficultés, avec notamment une demande qui continue de taxer l’offre.   

Garder une longueur d’avance ou se laisser distancer

Les chaînes d’approvisionnement subissent actuellement plusieurs anomalies spécifiquement liées à notre époque – des pénuries qui continuent de nous prendre au dépourvu et qui, dans le meilleur des cas, ne représentent qu’un léger désagrément. Mais, dans certains cas, elles peuvent entraîner les entreprises dans une spirale infernale, faute des matières premières et des produits nécessaires. Ces pénuries font grimper les prix en flèche et allongent les délais de réparation, provoquant davantage de temps morts dans l’activité de certaines entreprises. Les défaillances des chaînes d’approvisionnement sont en train de devenir l’un des défis majeurs de notre époque en matière de risque.

Pour gérer correctement ce risque, les entreprises s’aventurent souvent en dehors de leur zone de confort, faisant preuve d’inventivité pour trouver – et même, dans certains cas, pour créer – de nouvelles solutions et opportunités.

La raréfaction des transporteurs et des lieux de stockage les pousse à acquérir leurs propres entrepôts et conteneurs, et parfois même leurs propres cargos. Certaines, comme Target, Costco, Home Depot ou Walmart, ont affrété des cargos pour pouvoir assurer le transport de leurs marchandises avant la période de Noël.  

Je suis régulièrement le groupe Facebook d’une ancienne base aérienne où j’ai été formé. L’un de ses hangars vient d’être occupé par une nouvelle entreprise, qui a souhaité utiliser cet endroit parce qu’il existait déjà, quitte à le rénover. Ce qui était plus intéressant pour elle que de partir de zéro. 

Les expéditeurs se tournent de plus en plus vers des ports moins fréquentés. Ainsi, Dole, qui rassemble une flotte de 10 porte-conteneurs et 6 cargos frigorifiques adaptés au transport de palettes, et qui possède ou loue environ 16 800 conteneurs frigorifiques et 740 conteneurs secs, a récemment ouvert une route depuis le port de la baie de Tampa, en Floride.

Outre le transport de ses propres bananes et ananas, la division commerciale de Dole propose désormais un service de transport par conteneurs à destination et en provenance d’Amérique centrale. Ce nouveau service ne se limite plus seulement à l’expédition des produits frais de Dole, mais à une large gamme d’expéditeurs extérieurs et, d’après la société, il constitue un moyen très concurrentiel pour les cargaisons réfrigérées, les automobiles et autres marchandises diverses d’atteindre leurs marchés plus rapidement et de façon plus compétitive. Disposer de sa propre flotte permet non seulement à Dole de contourner les problèmes logistiques, mais aussi de s'assurer que ses cargos sont utilisés à pleine capacité, tout en mettant à disposition un nouveau port d'entrée.

Repenser les stratégies commerciales

Les entreprises dont l’approvisionnement ou la production dépendaient des marchés étrangers se sont mises à rapatrier une partie de leurs activités aux États-Unis. En mai 2021, l’équipementier sportif Peloton a annoncé qu’il investissait 400 millions de dollars dans une usine près de Toledo (Ohio), alors que sa production était jusqu’alors implantée à Taïwan.

À l’arrivée au port des cargos transportant des conteneurs d’expédition, leur stock doit être déchargé à l’aide d’un système de remorquage spécifique, appelé châssis. Beaucoup de marchandises ont tardé à arriver à destination en raison d’une pénurie de châssis dans les ports les plus encombrés, ce qui a paralysé leur déchargement. De nombreuses entreprises souhaitent désormais, à l’avenir, éviter ce problème en investissant dans leur propre flotte de châssis.  

Dans d’autres secteurs, c’est sur leur stratégie d’inventaire que certaines entreprises se penchent de plus en plus, avec une tendance marquée à réduire les stocks pour éviter de mobiliser trop de capitaux et d’espaces de stockage, entre autres. Toutefois, il est légitime de penser qu’elles seront nombreuses à changer de stratégie pour revenir à des stocks plus importants, en raison des difficultés d’approvisionnement en pièces et fournitures.

Distinguer les victimes des vainqueurs

Ce genre de décision met en évidence la différence qui réside entre être mis sur la touche à cause de problèmes d’approvisionnement et découvrir de nouvelles façons de prospérer dans un contexte commercial incertain. La prise de conscience est de plus en plus forte quant à la nécessité d’évaluer les risques sous un nouvel angle et de développer des stratégies pour faire face à la tempête qui secoue les chaînes d’approvisionnement.

En réalité, cette alternative n’en est pas vraiment une, car elle maintient les entreprises dans l’obligation d’opérer des compromis sur la qualité des produits, de payer plus pour obtenir moins et de se procurer les matériaux dont elles ont besoin auprès de fournisseurs qu’elles ne connaissent pas.

Certaines solutions, choisies faute de meilleures alternatives, risquent en elles-mêmes de se révéler dangereuses. Il est assez hasardeux d’adopter aveuglément un produit de substitution sans procéder à une évaluation préalable de la prévention des pertes. Cela peut fonctionner dans certains cas isolés, mais ce procédé est loin d’optimiser les performances commerciales d’une entreprise, et ne favorise pas la satisfaction et la fidélité de sa clientèle.

Planifier dès maintenant pour agir plus tard

Il ne s’agit pas seulement d’avoir conscience des niveaux d’approvisionnement immédiats nécessaires aux opérations quotidiennes, mais également de prévoir ce qui arrivera si une pièce ou une machine tombe en panne et ne peut être réparée à temps pour maintenir le rythme de production.

Que se passe-t-il en cas de retard d’un fournisseur en raison d’un problème de transport ? Ou si un composant endommagé peut être remplacé, mais qu’aucun technicien n’est disponible avant le milieu du mois prochain pour venir l’installer ? Une entreprise peut trouver une alternative à son fournisseur habituel, mais comment faire lorsqu’elle sait que cette dernière n’est pas très performante en termes de contrôle de la qualité d’approvisionnement responsable ou en termes de pratiques environnementales ?

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à prendre en compte les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) lors des décisions liées aux chaînes d’approvisionnement, en effectuant des contrôles préalables tout au long de ces chaînes, dans le but d’identifier les risques ESG potentiels qui requièrent leur attention.

Ce genre de problèmes sont aujourd’hui devenus fréquents, mais les entreprises ne se donnent pas toujours les moyens d’élaborer des plans de réponse aussi efficaces et productifs que possible. C’est leur capacité à le faire qui constitue pourtant, désormais, la nouvelle définition de l’agilité.  

Un allié et un partenaire stratégique dans la gestion des risques

Cela ne fait jamais de mal d’adopter une nouvelle perspective en matière de gestion des risques. Chez AXA XL Risk Consulting, nous travaillons régulièrement avec nos clients pour nous assurer qu’ils prennent correctement ces risques en considération. Nous ne pouvons pas trouver la bonne solution à leur place, mais cette collaboration nous permet de passer en revue, ensemble, les problèmes liés à la prévention des pertes, et de réfléchir à un nouvel angle de vue susceptible de faire apparaître des stratégies et des opportunités inédites. Nous avons également conçu des outils dédiés, comme le Risk Scanning qui aide les clients disposant d’un large portefeuille à évaluer les risques sur plusieurs sites et à comparer la manière dont ils y sont exposés, afin de mieux comprendre et mettre en œuvre la gestion et le transfert de risques en fonction de leurs besoins.

Avec plus de 400 consultants en risque à travers le monde, notre équipe vous guide à travers les questions essentielles que vous devez vous poser ; à la lumière de ce qu’ont fait d’autres entreprises confrontées aux mêmes difficultés, nous vous accompagnons pour explorer les alternatives qui s’offrent à vous et mettre au point un plan d’action approprié.

En cas de changement de plan, nous sommes là pour vous conseiller sur les impacts que peut avoir ce changement sur la gestion des risques. Grâce à notre expertise des procédure et des programmes officiels de gestion du changement, nous vous proposons un point de vue extérieur pour vous aider à trouver une solution personnalisée, complète, et comprenant à la fois des mesures compensatoires et une révision  de vos stratégies commerciales.

Même si vos capacités d’adaptation vous ont été utiles par le passé, l’époque n’est plus à l’improvisation. Il est crucial de savoir devancer les difficultés potentielles, car lorsque l’action devient réellement nécessaire, il est souvent trop tard pour réagir de manière productive.

La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.

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