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« Comme il est impossible de l’emmener dans un hôpital en Inde à ce moment-là, nous savons que nous devons l’évacuer rapidement. »— Catia Oliveira
Un récit de Catia Oliveira, Chef de Projet et Infirmière, AXA Partners
Nous avons eu le cas d’une famille qui vivait à New Delhi, en Inde. C’est le début de la deuxième vague de Covid-19 dans le pays. Je pense que nous nous souvenons tous des images apocalyptiques en provenance de l’Inde à ce moment-là. Les hôpitaux étaient pleins et manquaient aussi bien d’équipements que de ressources, en particulier d’oxygène. Le père de cette famille nous appelle pour nous dire qu’il a développé des symptômes de la Covid-19 et qu’il s’inquiète pour ses enfants, dont l’un, qui n’est encore qu’un bébé, a déjà été hospitalisé pour des problèmes respiratoires. Il craint de la transmettre à sa famille et demande à être rapatrié en France. Nous commençons immédiatement à examiner la situation, mais son état s’aggrave rapidement. Il a des difficultés à respirer et des douleurs thoraciques, puis a désespérément besoin d’oxygène.
« Il avait la Covid et était coincé à New Delhi, sans accès aux soins de santé. Nous savions que nous devions le sortir de là, et nous n’avions pas beaucoup de temps. »
Notre chance dans tout cela, c’est que sa femme est infirmière. Elle est donc en mesure de nous transmettre des informations médicales très précises sur son état de santé. Lorsque nous parvenons à lui faire passer un scanner, nous constatons que la maladie a atteint les deux tiers de ses poumons. Comme il est impossible de l’emmener dans un hôpital en Inde à ce moment-là, nous savons que nous devons l’évacuer rapidement.
Nous parvenons à lui trouver une place dans un hôpital de l’ouest de la France, ainsi qu’une ambulance aérienne avec une équipe de soins intensifs à bord. Une fois toutes les autorisations pour le vol obtenues, dix jours se sont écoulés depuis le début de ses symptômes, marquant
généralement le point critique de détérioration de la situation.
L’avion quitte l’Europe après avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires des différentes autorités.
Notre équipe n’est pas autorisée à aller le chercher chez lui, nous devons donc demander à une ambulance de l’amener à l’aéroport de New Delhi. Prendre l’avion est risqué, car les changements de pression peuvent avoir un impact sur la fonction respiratoire. Et, alors que nous étions soulagés de voir notre client dans l’avion, nous avons appris qu’il y avait eu une complication pendant le décollage. J’en ai des frissons rien que d’y repenser. Notre client a dû être intubé. Si nous n’avions pas réussi à le faire sortir à temps, si nous n’avions pas eu cette équipe autour de lui, l’histoire aurait pu être très différente.
L’avion atterrit vers 3 heures du matin à Bordeaux, où il est immédiatement transporté au service de soins intensifs.
Notre client se rétablit rapidement à l’hôpital et est déjà prêt à en sortir après seulement quelques jours en soins intensifs. Il retrouve sa famille. Six mois plus tard, ils reprennent l’avion pour l’Inde ! Ce sont des histoires comme celle-ci qui vous rappellent pourquoi vous faites ce travail.