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5 novembre 2020

Relance post-Covid-19 : l’avenir de l’économie mondiale et des marchés financiers

Revivez les moments forts de notre webinaire exclusif avec l’économiste Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel, entouré de plusieurs de nos experts en investissement : Chris Iggo (CIO d’AXA IM Core Investment), Amanda O’Toole (gestionnaire de portefeuilles mondiaux, Framlington Equities) et Nick Hayes (Head of Fixed Income Allocation and Total Return, AXA IM).

Contenu original : AXA IM

Ils s’intéressent ici à l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie et les marchés, aux différentes stratégies gouvernementales de relance et au défi que représente une reprise durable.

Reconstruire le monde, mais en mieux : la relance post-Covid selon le Pr. Joseph Stiglitz

En octobre, l’économiste et lauréat du prix Nobel Joseph Stiglitz a partagé avec les clients d’AXA IM son point de vue sur la relance post-Covid-19 et sur l’avenir de l’économie mondiale et des marchés financiers. Voici les grandes lignes de cette discussion. 

La pandémie du coronavirus sera probablement l’un des événements les plus marquants du siècle. Nous finirons très certainement par trouver un vaccin efficace, mais il est impossible de dire combien de temps cela va prendre. Et je ne crois pas qu’une réelle relance économique puisse se produire tant que nous n’aurons pas maîtrisé le virus.

Le scénario le plus probable au début du premier confinement prévoyait une brève interruption, suivie d’une reprise en forme de V.

Plus de six mois plus tard, il est clair que cette épidémie n’est toujours pas maîtrisée en Europe ni aux États-Unis, contrairement à d’autres pays comme la Nouvelle-Zélande, Taiwan, le Vietnam ou encore la Corée du Sud. Des disparités qui risquent fort, dans le futur, d’affecter la géopolitique mondiale.

Ce virus s’attaque surtout aux personnes en mauvaise santé ; aux États-Unis, par exemple, le déficit au niveau de la sécurité sociale et du système de soins en général augmente le nombre de personnes susceptibles d’être infectées. Il n’est donc pas très surprenant que les USA aient été l’un des pays les plus sévèrement touchés. Le concept de congés maladie n’y existe pas, et énormément de gens vivent au jour le jour, en attendant leur prochaine paie. S’ils tombent malades mais qu’ils peuvent toujours aller travailler, c’est ce qu’ils font, au risque de propager encore davantage le virus.

Économies vs marchés

Lorsqu’on regarde le marché boursier américain, toujours en pleine forme, on a tendance à se demander : comment est-ce possible ? La réponse est très simple. Tout d’abord, ce marché ne représente qu’une petite partie de l’activité économique. Ce sont majoritairement les grandes entreprises de la technologie qui ont fait le plus de profits, tandis que les pans de l’activité économique qui ont été le plus dévastés concernent les petites entreprises qui ne sont pas cotées en bourse.

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Ensuite, l’un des marqueurs de tout ralentissement économique important est le fait que les autorités monétaires décident de baisser les taux d’intérêt. Les investisseurs vont placer leur argent là où les rendements seront potentiellement meilleurs – les actions plutôt que les obligations.

Dans ce cas, une autre force qui fait monter les valeurs du marché est l’énorme flot de liquidités provenant de la BCE et de la Réserve fédérale, et dont une partie va être injectée dans le marché. L’une des particularités de ce ralentissement économique est le soutien sans précédent de la part des gouvernements. Je crois que c’était la bonne politique à mener – si l’on ne soutient pas la vigueur de l’économie, il faut redouter des conséquences à long terme.

Le problème est qu’aux États-Unis, ces politiques n’ont pas été élaborées avec assez de précision. Résultat : ils n’ont pas réussi à conserver un faible taux de chômage ni à maintenir le lien entre les salariés et leur emploi, ce qui est particulièrement important dans ce pays où les travailleurs dépendent de l’assurance-santé de leurs employeurs.

L’Europe a fait mieux, grâce à des systèmes de congés bien conçus, comme par exemple au Danemark ou en France – systèmes que l’on retrouve également en-dehors de l’espace européen, entre autres en Nouvelle-Zélande.

Comment reconstruire le monde en mieux ?

Il y a une métaphore que j’aime utiliser : c’est grâce à ces dépenses que nous construisons un pont vers le monde post-Covid. À l’heure actuelle, nous sommes à la moitié de la construction. Certains pensent que les déficits sont trop importants et que l’inflation va être trop élevée pour nous permettre de continuer la construction du pont. Je pense que c’est faux : construire un demi-pont ne permet d’aller nulle part, il est nécessaire de le terminer. Rebrousser chemin serait un désastre qui aurait des conséquences à long terme. 

Nous devons reconstruire, mais en mieux. Des lacunes importantes ont été révélées ou aggravées par la pandémie, comme les inégalités ou le manque de résilience des chaînes d’approvisionnement mondiales. Reconstruire en mieux, c’est vouloir une société plus égalitaire, une économie de la connaissance et du savoir, et une économie verte qui s’éloigne des combustibles fossiles pour privilégier les sources renouvelables. Les dirigeants du monde entier ont déclaré vouloir atteindre la neutralité carbone, mais la question reste de savoir si les gouvernements disposeront toujours de cet argent après la pandémie.

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L’argent dépensé aujourd’hui doit donc contribuer à la relance post-Covid, mais aussi aider à remodeler l’économie. Une façon de voir qui fait partie intégrante de la stratégie européenne mais que le gouvernement américain, à ce jour, n’a pas adoptée.

La pandémie a accéléré de nombreux changements qui étaient déjà en cours : dans le domaine de l’emploi ou de la consommation, la numérisation est un procédé qui restera bien implanté même lorsque la pandémie sera maîtrisée. J’ai hâte de retrouver ma salle de classe, tout en étant conscient qu’une partie des enseignements se fera désormais en ligne.

Je pense que des délocalisations et des relocalisations vont avoir lieu, mais cela ne résoudra pas le problème des zones désindustrialisées en Europe ou aux USA. Le manque de résilience est lié à Ia myopie des marchés – c’est comme si l’on construisait des voitures sans roue de secours : même avec un peu d’argent de côté, avoir un pneu crevé peut entraîner de graves conséquences.

D’un autre côté, plus positif celui-ci, la pandémie a fait ressortir avec force le fait que nous partageons tous la même planète et que nous devons coopérer, ce qui signifie renforcer le multilatéralisme.

Quels pourraient être les défis d’une reprise durable ?

Toutefois, cela peut aussi signifier que les marchés émergents et les pays en développement vont être confrontés à des crises de la dette. Sans restructuration de la dette, je crois que l’économie mondiale aura du mal à retrouver sa vigueur.

Quelle réponse des gouvernements face à la flambée de la dette provoquée par la Covid-19 ?

Venir en aide aux marchés émergents devrait être une priorité, car, contrairement aux pays développés, ils ne disposent pas des ressources nécessaires pour stimuler leur économie.

Le défi sera de savoir comment mettre en place la coopération nécessaire pour résoudre les problèmes liés au changement climatique et à la maîtrise de la pandémie, entre autres, dans un monde où règnent la rivalité et de si grandes différences de valeurs, de théories économiques et de systèmes politiques.

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