Stuart BarrowcliffDirecteur des souscriptions, de l’évaluation des risques politiques, du crédit et des emprunts obligataires, AXA XL
24 juin 2022
5 minutes
Un programme public-privé innovant et primé permet au Belize de restructurer sa dette souveraine et de financer des projets de préservation du milieu marin. Le programme – le plus important de ce type à ce jour – associe fonds de développement, organismes privés et risque politique et d’assurance crédit, pour aider ce pays d’Amérique Centrale à réduire le fardeau de sa dette tout en faisant un bond en avant vers une croissance économique durable.
Riverain de la mer des Caraïbes et situé entre le Mexique et le Guatemala, le Belize est une nation petite mais à croissance rapide. Béni des dieux avec des ressources maritimes abondantes et hautement dépendant du tourisme, le Belize dispose de la seconde plus grande barrière de corail au monde. Une myriade de coraux en récifs ou en bancs au large en fait une destination privilégiée pour les amateurs de plongée sous-marine. Par exemple, le Blue Hole, importante fosse océanique dans un atoll situé à une centaine de kilomètres du continent, est un des sites de plongée les plus prisés au monde.L’ensemble de la barrière de corail du Belize a été classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1996, distinguant la biodiversité et l’importance culturelle du site.
Comme de nombreux pays en développement, le Belize a un niveau de dette extérieure élevé. En 2022, le ratio entre sa dette et son produit intérieur brut (PIB) était estimé à 113 %. Le service de la dette joint à la nécessité de répondre aux besoins de ses plus de 405 000 citoyens laissent au pays peu de marge de manœuvre en capital pour investir dans la protection et la préservation des ressources naturelles.
Fin 2021, l’Agence américaine de financement pour le développement international (DFC), en partenariat avec le Nature Conservancy, acceptait de consentir un nouveau prêt permettant au Belize de réduire le fardeau de sa dette et de générer des fonds pour mieux préserver le milieu marin grâce à l’émission d’ « obligations bleues pour la conservation des océans ». La participation d’AXA XL en coopération avec d’autres sociétés privées d’assurance risques politiques est un élément essentiel de la structure financière du projet puisqu’elle lui a permis d’atteindre une très bonne note d’investissement.
Au sein de ce programme, le Crédit Suisse a concédé un nouveau prêt de 364 millions de dollars pour financer le rachat par le Belize des 553 millions de dollars de sa dette souveraine. Cela a permis de restructurer la dette en la réduisant de 250 millions de dollars et en générant 180 millions de dollars utilisables pendant les 20 prochaines années pour financer des projets de préservation des océans. La DFC souscrit une assurance risques politiques primaires pour ce prêt, soutenue par 610 millions de dollars de réassurance facultative d’AXA XL et d’autres organismes, couvrant le non-paiement du principal et des intérêts de la nouvelle dette souveraine du Belize.
Parallèlement, le Nature Conservancy met en place un plan de préservation du milieu marin dirigé par les actionnaires. Il protégera environ 30 % des eaux côtières du Belize, notamment les récifs coralliens et les activités de pêche. Une partie des fonds servira à établir une dotation pour les futurs projets de préservation du milieu marin au-delà de 2040.
Les bénéfices de partenariat sont multiples, non seulement à court terme mais également à plus longue échéance. En restructurant l’encours de sa dette, le Belize obtient un allègement immédiat du lourd fardeau de son service. De plus, les « obligations bleues » tripleront le budget du pays pour les programmes de préservation du milieu marin au cours des deux prochaines décennies. La protection des ressources côtières du Belize lui permettra de soutenir son économie basée sur le tourisme et de réduire l’impact du changement climatique. Enfin, et peut-être surtout, l’efficacité de la mise en place de cet accord démontre encore de façon éclatante la pertinence de ce concept.
Ce type de partenariat public/privé pur la préservation du milieu marin a été mis en œuvre pour la première fois avec succès en 2016, sous l’impulsion du Conservatoire de la nature en République des Seychelles. Ces programmes sont des modèles d’avenir pour la protection de l’environnement et le soutien financier aux économies en développement – et ces méthodes de financement innovantes les rendent plus durables et plus résilients. Selon le Conservatoire de la nature, les océans participent au produit intérieur brut mondial à hauteur de 3 000 milliards de dollars par an. Mais bien que la préservation du milieu marin constitue l’un des objectifs de développement durable des Nations Unies, il reste pourtant l’un des programmes les plus sous-financés.
A propos de l’auteur
Stuart Barrowcliff est directeur des souscriptions, de l’évaluation des risques politiques, du crédit et des emprunts obligataires chez AXA XL. Il a rejoint XL, qui fait désormais partie d’AXA, en 2011, alors qu’il était souscripteur senior. Son expérience professionnelle comprend divers postes de direction au sein d’autres compagnies d’assurance et institutions financières. Il est diplômé en économie internationale et en études latino-américaines.
La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.