Le secteur privé et les gouvernements doivent agir au niveau du risque climatique

Le récent rapport du Groupe d’experts du GIEC a été décrit comme une « alerte rouge pour l'humanité ». Qu’en pensez-vous ?

On ne peut qu’être d'accord avec ce constat accablant de l'urgence de la crise climatique. La science montre que chaque région est confrontée à un impact croissant du changement climatique. Bon nombre des changements observés sont sans précédent (et peuvent même être irréversibles), et l'influence humaine est «indéniable ». Depuis l'Accord de Paris sur le climat de 2015, la prise de conscience du changement climatique a progressé mais elle n'a pas toujours été suivie d'actions concrètes. Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) actuelles nous emmènent vers un monde qui sera de 2,7 °C plus chaud d'ici la fin du siècle. Cela signifie que des réductions drastiques des émissions sont nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et pour garantir une planète vivable pour les générations futures.

Que fait AXA pour contribuer à l'atténuation des conséquences du changement climatique ?

Le secteur de l'assurance est particulièrement bien placé pour soutenir la transition vers une économie résiliente, neutre en carbone, et nous devons mettre en œuvre tous les leviers disponibles pour y parvenir. Chez AXA, nous pensons qu'une approche holistique de la neutralité carbone est essentielle, en visant la neutralité tant du côté de l’actif que du passif de notre bilan. Ceci nous permet d’avoir un impact sur le climat
non seulement par nos décisions d'investissement, mais aussi par nos actions de souscription.En 2019, nous avons rejoint la Net-Zero Asset Owner Alliance (NZAOA) pour aligner notre portefeuille d'investissements sur
une trajectoire de neutralité carbone d'ici 2050. Cela nous a conduit à nous fixer un objectif intermédiaire de réduction de 20% de l'empreinte carbone des actifs du compte général d'AXA d'ici 2025. Cette année, nous avons fait un pas de plus en avant avec la création de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA) qui met l’accent
sur les protections d'assurance que nous offrons à nos clients.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la Net-Zero Insurance Alliance ?

Au fil des années, AXA a beaucoup progressé en matière d'investissements. Ainsi, nous avons doublé notre objectif d'investissements écologiques, lancé un nouveau type d'obligations – les obligations de transition – et émis nos premières obligations vertes. Sans nous limiter à ces accomplissements, nous devons accélérer sur tous les fronts, car nous traversons une décennie qui s'avérera déterminante dans la lutte contre le changement climatique. Les efforts sur les investissements sont une première étape encourageante, mais ils doivent être complétés par des actions sur les couvertures d'assurance que nous proposons. C'est pourquoi nous sommes fiers de présider la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA) qui étend les engagements de neutralité
carbone à nos activités assurantielles. Cette alliance internationale regroupe 7 autres grands assureurs et réassureurs. Notre objectif est de mettre sur pied un protocole d’établissement d'objectifs permettant aux membres de la NZIA d'aligner leurs portefeuilles d'assurance et de réassurance sur la trajectoire de l'Accord de Paris.

Que signifie décarboner les portefeuilles d'assurance ?

Nous devons tout d’abord savoir d’où nous partons et être en mesure de mesurer les émissions assurées. S’il existe déjà des indicateurs bien établis du côté de l'investissement, il n'y en a pas encore pour les portefeuilles de souscription. C'est pourquoi nous avons récemment lancé un groupe de travail en collaboration avec le Partnership for Carbon Accounting Financials (PCAF) en vue de développer la première norme mondiale permettant de mesurer et de communiquer sur les émissions assurées. Il appartiendra ensuite à chaque membre de la NZIA de décider des leviers de décarbonation qu'il utilisera, afin d'atteindre les objectifs intermédiaires individuels qu'il se fixera tous les cinq ans. Produits d'assurance verts, solutions de gestion des sinistres durables, services de gestion des risques de transition, critères de souscription pour les industries les plus polluantes, engagement avec les clients... sont autant de pistes à explorer.

En tant que Directeur des risques du Groupe AXA et Président de la Net-Zero Insurance Alliance, qu’est-ce qui motive le plus votre optimisme ?

Il existe actuellement dans l'ensemble du secteur financier une forte dynamique pour la neutralité carbone. Nous nous en réjouissons car nous ne pouvons pas agir isolément : il faut de la cohérence, de la transparence, de la responsabilité. Dans le même esprit, mon souhait est que la Net-Zero Insurance Alliance soit un véritable succès mondial. Indépendamment de leur taille, de leur empreinte géographique ou de leur segment
de clientèle, ceux de notre industrie qui partagent la même ambition climatique devraient nous rejoindre dès maintenant. Je crois sincèrement que nous pourrons agir plus rapidement et de manière plus décisive si nous le faisons ensemble.