8 octobre 2020
Une interview d’Antimo Perretta, PDG AXA Europe, et Alexander Vollert, PDF AXA Allemagne.
5 minutes
Perretta : Cela fait un certain temps que nous nous intéressons aux liens entre bien-être physique et santé mentale. En tant qu’assureur – mais aussi du point de vue de la société en général -, il nous semble évident qu’il est plus bénéfique d’investir en amont, de façon préventive, plutôt que dans le traitement des troubles de la santé mentale et physique.
Vollert : Les chiffres de l’OMS montrent que 25 % des Européens souffrent de dépression ou de troubles de l’anxiété : ces pathologies sont à l’origine de la moitié des arrêts maladie. Cela dit, il a été démontré que le stress, lorsqu’il est permanent, rend les gens physiquement malades. C’était déjà le cas avant la pandémie. Nous avions l’intuition que la crise de la Covid aggraverait cette tendance, car les crises sont toujours des moments de stress intense. D’où cette étude.
Vollert : La pandémie et les mesures qu’il a nécessairement fallu prendre pour la contenir – confinement, distanciation sociale – pèsent très lourd sur la population. La proportion d’Européens qui se disent psychologiquement mal en point a triplé depuis le début de la pandémie. Ceux qui ont déjà souffert de problèmes psychologiques, ou ceux qui ont des prédispositions à l’anxiété et à la dépression, ont à présent de plus en plus l’impression d’avoir perdu le contrôle de leur existence.
Vollert : Même en temps normal, le coût des arrêts maladie liés à des troubles affectifs ou de santé mentale s’élève en Europe à 170 milliards d’euros par an en moyenne. Le stress supplémentaire généré par la pandémie risque de faire augmenter ce chiffre de façon significative.
La proportion d’Européens qui se disent psychologiquement mal en point a triplé depuis le début de la pandémie.
Perretta : Avant la pandémie, nous nous préoccupions déjà de la santé mentale de nos collaborateurs, en leur fournissant un cadre de travail susceptible d’améliorer leur bien-être. Nous sommes actuellement en train de mettre au point des prestations plus globales, car la pandémie nous a confirmé, une fois de plus, que ces modernisations sont nécessaires. C’est l’occasion pour nous d’aller encore plus loin dans le perfectionnement.
Perretta : Le besoin, et même le manque, d’interactions sociales entre collègues sont probablement plus forts que jamais. Les questions que nous devons à présent nous poser sont : comment créer des espaces sociaux au sein de l’espace professionnel ? Et, à plus long terme : quelle sera la fonction du bureau dans le futur ?
Perretta : Nous revendiquons depuis longtemps une approche holistique, en tendant à considérer que le corps et l’esprit ne font qu’un. À nos yeux, la santé mentale est l’un des principaux leviers de la prévention. En ces temps difficiles, de plus en plus de gens sont préoccupés par leur santé et ont besoin de nos conseils et de notre soutien pour rester en bonne santé ou pour se remettre sur pied. De manière générale, les troubles mentaux sont de moins en moins stigmatisés, en particulier en Espagne et en Italie, pays durement touchés par la Covid-19. Dans les milieux d’affaires, on a beaucoup parlé de la résilience de la chaîne d’approvisionnement face aux crises à venir. Dans le domaine de la santé, la résilience désigne le fait de rendre les gens psychologiquement plus résistants. C’est par cela que nous devons commencer.
Vollert : Nous considérons nos clients comme des partenaires à vie. Dans ces nouvelles conditions de normalité
qui continuent d’émerger, nous voulons atteindre les gens à travers le numérique et les services à distance, notamment la télémédecine, qui revient à rencontrer les patients chez eux, via leurs propres équipements numériques. La pandémie a rendu la population globalement plus ouverte et plus réceptive aux solutions numériques – y compris les personnes âgées, qui jusqu’ici étaient considérées comme moins à l’aise dans