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29 juillet 2021

Dépassement mondial : comment les investisseurs peuvent contribuer à faire reculer l’échéance

Chaque année, le Jour du Dépassement mondial marque le jour où la demande de l’humanité en termes de ressources écologiques dépasse ce que la planète est capable de reconstituer au cours de cette période de douze mois. Avec l’aggravation de la crise climatique, cette date a été avancée – au point de tomber, cette année, le jeudi 29 juillet. Cela signifie qu’à partir de ce moment, et pour le reste de l’année, la Terre fonctionne essentiellement en déficit, en consommant davantage de ressources naturelles qu’elle ne peut se le permettre.

Contenu orginal: AXA IM

En raison de l’impact de la pandémie de coronavirus, le Jour du Dépassement mondial a été repoussé de trois semaines et fixé au 22 août, conséquence des confinements successifs qui ont entraîné une réduction considérable des déplacements, du trafic aérien et des émissions de carbone.

Mais avec la reprise des économies mondiales, ces chiffres commencent à revenir à la hausse. Et parallèlement, dans d’autres domaines de consommation des ressources naturelles, comme l’alimentation, la demande n’a pas été abaissée par la pandémie. Par conséquent, le Jour du Dépassement mondial est survenu presque aussi tôt en 2021 qu’en 2019, année où il était tombé le 26 juillet.

Chez AXA IM, nous sommes convaincus que les investisseurs ont un rôle crucial à jouer dans la transition vers une économie pauvre en carbone, en raison de la nécessité absolue du passage aux énergies renouvelables. Cependant, d’autres domaines comme la biodiversité, l’urbanisme et la croissance urbaine, tout comme les systèmes de production et de distribution agroalimentaires, constituent d’autres pierres d’angle d’une gestion plus responsable des ressources naturelles de notre planète.

Les acteurs politiques, les entreprises et les gestionnaires d’actifs dont nous faisons partie ont déjà commencé à prendre des mesures décisives pour combattre le changement climatique. Partout dans le monde, les gouvernements mettent en place de nouvelles politiques pour atteindre l’objectif net zéro, tandis qu’en mars 2021, plus d’un cinquième (soit 21 %) des 2 000 plus grandes entreprises publiques mondiales avaient déjà pris des engagements en faveur du net zéro, ce qui représente un chiffre d’affaires annuel de près de 14 000 milliards de dollars1.

Les gestionnaires d’actifs travaillent en commun en signant des programmes et des engagements ambitieux, comme la Net Zero Asset Managers Initiative, qui s’engage à atteindre l’objectif zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 au plus tard. Au mois de juillet 2021, cette alliance réunissait 128 signataires – parmi lesquels AXA IM, l’un de ses initiateurs – pour un total de 43 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion2.

Dans cet article, les experts d’AXA IM reviennent sur la façon dont nous pouvons tous ralentir notre rythme de consommation des ressources naturelles, et sur les éventuelles implications de ces efforts en termes d’investissement.

Amanda O’Toole, Gérante de portefeuille, Clean Economy Strategy, AXA IM

L’un des meilleurs moyens de réduire les émissions de carbone – ainsi que notre dépendance aux énergies fossiles -, c’est de passer des véhicules à essence aux véhicules électriques (VE). L’innovation permanente dans le secteur automobile, combinée au soutien politique apporté par les gouvernements, favorise heureusement la généralisation de cette transition.

On prévoit aujourd’hui que les VE représenteront 31 %, soit près d’un tiers, de l’ensemble des véhicules de tourisme en circulation dans le monde d’ici 2040, contre seulement 8 % en 20303.

Mais pour que les VE soient véritablement écologiques, l’électricité qu’ils utilisent doit être produite à partir de sources renouvelables. L’industrie doit également s’attaquer aux enjeux liés à l’extraction des matières premières, un domaine qui soulève des préoccupations non seulement environnementales, mais également liées à la question des droits de l’homme. Certains leaders de ce secteur se comportent déjà de façon plus responsable, en développant des méthodes innovantes ou en ayant recours, lorsque c’est possible, à d’autres matières premières.

La gestion des batteries usagées des VE est un autre sujet préoccupant. Il est possible de concevoir des batteries pouvant être plus facilement réparées, réutilisées ou recyclées ; cela constitue, selon nous, une opportunité de croissance qui permettra aux entreprises les plus responsables de sortir du lot.

Un autre domaine à prendre en compte est la manière dont nous produisons, distribuons et consommons les produits alimentaires. Selon un rapport des Nations unies, si le gaspillage de nourriture était un pays, il serait le troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre4. Allouer des capitaux aux entreprises qui prennent des mesures concrètes en ce sens est une façon d’encourager la réduction du gaspillage alimentaire. Les techniques développées par l’agriculture de précision permettent d’augmenter la production tout en utilisant moins de surface, d’eau et de produits chimiques, ce qui génère moins d’émissions de carbone et réduit par conséquent les impacts sur la biodiversité. Je suis convaincue qu’il existe potentiellement, dans ce secteur, de nombreuses opportunités d’investissement à long terme.

Par ailleurs, nous pouvons tous intensifier nos efforts de recyclage et, en tant qu’investisseurs, nous intéresser plus particulièrement aux entreprises qui font du recyclage et de la réutilisation une vraie priorité. Prenons l’exemple des canettes en aluminium, dont le processus de recyclage est très efficace. Ajoutons à cela le fait que les consommateurs se détournent de plus en plus des bouteilles en plastique à usage unique, et nous obtenons une réelle opportunité de croissance structurelle dans ce secteur. 

Je pense également que les entreprises qui contribuent à atténuer les dommages environnementaux en ouvrant la voie en matière de gestion et de recyclage des déchets vont apporter des bénéfices nets importants à l'économie mondiale, tout en étant plus à même de faire face à l'évolution des exigences réglementaires qui se prépare.

Liudmila Strakodonskaya, Analyste ESG, AXA IM

La consommation des ressources naturelles est directement liée à la préservation et à la protection de la biodiversité. La déforestation, qui est responsable de 24 % des émissions mondiales de CO2, est l’une des principales causes du réchauffement climatique et constitue un facteur aggravant de la perte de la biodiversité5. Dans ce domaine, nous avons la possibilité, en tant qu’investisseurs, d’identifier les zones les plus à risque, c’est-à-dire les endroits où notre consommation des ressources est la plus rapide et ceux qui sont les plus vulnérables en termes de capacité à les renouveler.

C’est précisément cette approche que nous adoptons chez AXA IM, grâce à notre nouvelle politique de protection des écosystèmes et de lutte contre la déforestation : cette politique consiste à éviter les investissements exerçant une pression extrême sur les ressources telles que les forêts, que ce soit de façon directe ou par le biais de la consommation de viande ou d’autres produits issus de la monoculture, comme le soja. D’un côté, on peut se réjouir que le soja soit plus en plus utilisé pour remplacer la viande dans des préparations végétariennes ; mais d’un autre côté, cette tendance génère un risque de conversion des écosystèmes naturels, en accentuant la pression sur les sols, les besoins en eau et la biodiversité.

La préservation de la biodiversité et des ressources naturelles constitue un enjeu systémique d’ordre mondial ; elle n’est pas liée à un pays ou à un secteur en particulier. Au contraire, de nombreux secteurs sont indirectement exposés à ce type de problème, par exemple à travers leurs chaînes d’approvisionnement. A un risque systémique doit répondre une approche systémique : cette question a donc toute sa place au sein de notre approche globale et de nos stratégies ESG (environnementales, sociales et de gouvernance), que nous appliquons à toutes nos classes d’actifs.

Chez AXA IM, nous nous sommes engagés à réduire nos propres émissions de carbone d’au moins 25 % d’ici 2025, cochant ainsi une nouvelle case sur notre feuille de route pour devenir non seulement le premier investisseur responsable au niveau mondial, mais aussi une entreprise mondialement responsable.

Pour les investisseurs, l’engagement est un moyen très efficace de faire concrètement la différence. A bien des égards, les risques et les opportunités liés aux ressources naturelles ne sont pas réellement compris et, de ce fait, sont mal pris en compte par les entreprises ou par les émetteurs. En tant qu’investisseurs, notre devoir est de mobiliser les entreprises et de les engager dans une réflexion sur ces sujets, afin qu’elles puissent identifier leurs points faibles dans le domaine de la biodiversité et de la gestion des ressources naturelles et, in fine, mettre en place des solutions pour préserver sur le long terme à la fois la nature et la valeur de leurs placements[a1] .  

Johann Plé, Responsable de la stratégie Obligations vertes, AXA IM

Il est essentiel d’accélérer l’investissement dans la transition énergétique pour réduire notre consommation des ressources naturelles de la Terre, et je pense que les obligations vertes constituent un outil idéal pour soutenir cette transition.

Le financement de la mutation énergétique exige un volume important d’investissements, et les entreprises doivent donc avoir accès à un large flux d’investissement. Les marchés obligataires sont l’endroit idéal pour soutenir ce type de placement, en particulier par l’intermédiaire des obligations vertes, qui permettent d’identifier de façon claire où se dirigent les capitaux injectés.

Les obligations vertes jouent un rôle essentiel dans le plan de relance mis en place par l’Union européenne et dont 30 % du budget sera consacré à la lutte contre le changement climatique. La croissance du marché des obligations vertes est d’ores et déjà considérable : fin mai 2021, le nombre de leurs émissions avait déjà doublé par rapport à la même période de l’année précédente, et le montant total des émissions d’obligations vertes pourrait bien s’élever à 400 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année 2021.

Ces chiffres s’expliquent en partie par le fait que de plus en plus d’entreprises se fixent pour objectif de réduire leurs émissions de carbone, tandis que les gouvernements, de leur côté, s’engagent à augmenter leurs financements verts.

Je pense que, malheureusement, la date du Jour du Dépassement risque d’intervenir encore plus tôt l’année prochaine. En 2021, l’impact du coronavirus est toujours palpable : la réouverture des économies n’est que partielle, et les déplacements internationaux commencent tout juste à reprendre. Mais nos efforts  d’aujourd’hui auront des résultats sur le long terme – nous devons continuer à prendre des mesures maintenant pour en voir les bénéfices plus tard.

Pour autant, je ne suis pas pessimiste : l’élan auquel nous assistons sur le marché des obligations vertes est, selon moi, un message d’espoir. Cet engouement démontre que l’investissement dans la transition écologique ne concerne pas qu’un créneau spécifique de l’économie, mais qu’il touche au contraire un large éventail de secteurs et d’entreprises. Encore une fois, c’est sur le long terme que nous devrions en voir les effets bénéfiques.

Chris Iggo, CIO Core Investments, AXA IM

Il est évident que les investisseurs peuvent aider la société à ralentir le rythme auquel elle épuise les ressources naturelles, et à contrer la survenue toujours plus précoce du Jour du Dépassement.

Ce sont les investisseurs qui soutiennent les initiatives favorisant la transition vers les énergies renouvelables et l’abandon des modes de production néfastes à la biodiversité. Je pense que, sur le long terme, les investisseurs vont bénéficier de rendements supérieurs, à mesure que va s’accentuer la croissance des entreprises « respectueuses de l’environnement », tandis que les autres seront confrontées à une baisse de la demande, à un coût du capital plus élevé et à une éventuelle hausse des taxes.

Par ailleurs, le rôle des investisseurs est également d’ordre pédagogique ; ils doivent mettre l’accent sur l’importance d’une meilleure utilisation des ressources et promouvoir l’économie circulaire. Nous constatons déjà que les entreprises « perturbatrices », qui remettent en cause l’utilisation intensive des ressources naturelles, connaissent une forte croissance et attirent de plus en plus de capitaux. Une tendance qui risque de s’accélérer au cours des prochaines années.

Sources

[1] https://eciu.net/news-and-events/press-releases/2021/report-fifth-of-worlds-largest-companiesnowhavenetzerotarget#:~:text=At%20least%20one%20fifth%20(21,ECIU)%20and%20Oxford%20Net%20Zero.
[2] https://www.netzeroassetmanagers.org/
[3] https://www.axa-im.com/content/-/asset_publisher/alpeXKk1gk2N/content/tomorrow-augmented-can-electric-vehicles-evs-help-drive-a-green-recovery-/23818
[4] https://www.unep.org/resources/report/unep-food-waste-index-report-2021
[5] https://www.axaim.com/documents/20195/607482/AXA+IM+Climate+Action+Report+VFIN_.pdf/c5321d84-7490-42a1-8d30-0f60c205c449?t=1623765711996

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