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6 avril 2021

Réduire les émissions de carbone pour renforcer la croissance de l’économie mondiale

Chris Iggo, CIO AXA IM Core Investments

Contenu Original : AXA IM

En tant qu’investisseurs à long terme, nous sommes tenus de toujours garder un œil sur la durabilité – celle des modèles économiques, de la croissance des bénéfices ainsi que de la gestion du risque.

Toutefois, la durabilité a pris un sens nouveau ces dernières années. Il est aujourd’hui largement admis que le changement climatique représente une très grave menace pour notre monde, au niveau social comme au niveau économique. En d’autres termes, si nous n’opérons pas la transition vers une économie à faible émission de carbone, nous n’obtiendrons pas de croissance économique durable, et par conséquent pas de retours sur investissement durables.

L’économie mondiale a été sévèrement touchée par la pandémie de Covid-19. Les taux de chômage se sont envolés et de nombreuses entreprises ont dû mettre la clé sous la porte. Un rapport récent de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne que les emprunts publics contractés par les économies les plus riches ont connu une hausse record de 60 % en 2020, soit deux fois plus que lors de la crise financière de 2008[i]. Plus que jamais, ce dont le monde a besoin aujourd’hui c’est une augmentation du PIB et une réduction des émissions toxiques.

Fondamentalement, moins de carbone signifie plus de croissance. Toutefois, atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à un niveau bien en dessous de 2°C, de préférence à 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels, va nécessiter des investissements substantiels. Si nous n’agissons pas, les scientifiques estiment que la température mondiale risque de dépasser les niveaux préindustriels de plus de 3°C.

Avec pour conséquences, entre autres, l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques extrêmes, des bouleversements sociétaux et une baisse de l’activité économique, le réchauffement climatique représente un grave danger pour l’environnement.

La transition énergétique consiste à renoncer à notre dépendance vis-à-vis des carburants qui ont fait tourner l’économie mondiale durant ces deux derniers siècles, et à les remplacer par des énergies renouvelables plus efficaces. Une transition qui impactera non seulement la production d’électricité, mais aussi les transports, la transformation industrielle, l’agriculture, sans oublier nos lieux de vie et de travail.

Le soutien des gouvernements

Les gouvernements s’engagent heureusement à investir des milliards dans la transition énergétique – et ils se fixent des objectifs très ambitieux. En 2020, l’Union européenne a dévoilé son plan de relance, qui prévoit d’injecter 500 milliards d’euros dans des projets « verts », ce qui constitue l’engagement le plus important qui ait jamais été pris en faveur du climat. La Chine, premier émetteur mondial de dioxyde de carbone, affirme quant à elle sa volonté d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2060.

La France s'est donné pour objectif de devenir la première grande économie européenne à faible émission de carbone, après avoir annoncé un plan de sauvetage post-Covid-19 de 100 milliards d'euros, dont un tiers sera consacré à des projets liés au climat[ii].

Pour aller plus loin : Why COVID-19 could be a tipping point for sustainable investing

De son côté, la Nouvelle-Zélande a adopté une loi en vue de devenir majoritairement neutre en carbone d’ici 2050[iii], tandis que l’Australie, qui recense certaines des plus grandes mines de charbon du monde, souhaite que 94 % de son électricité provienne de sources renouvelables d’ici 2040[iv].

Le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, n’a pas encore présenté la totalité de son programme, mais le climat figure d’ores et déjà en bonne place dans l’agenda de son administration – Biden a déjà annoncé son intention de convertir environ 645 000 véhicules fédéraux à l’énergie électrique. La COP26, qui a été reportée au mois de novembre 2021, se tiendra en Écosse ; dans les mois qui précèdent, je pense que nous entendrons bien d’autres gouvernements réaffirmer leurs plans énergétiques et leurs objectifs de réduction des émissions de carbone.

Des opportunités de croissance

La politique et la technologie sont les deux moteurs de l’économie en ce qui concerne la transition énergétique. Selon moi, cette transition va véritablement transformer l’économie mondiale, à l’instar de la révolution numérique à partir des années 1980. Ces derniers temps, les énergies renouvelables ont attiré des investissements considérables : la production d'électricité issue de sources renouvelables a bondi de 57 % entre 2010 et 2018[v] et la part des énergies renouvelables dans la production mondiale d'électricité a augmenté de près de 28 % au premier trimestre (T1) 2020, contre 26 % un an plus tôt.

Une augmentation qui s’est faite principalement au détriment du charbon et du gaz, même si près de 60 % de l’approvisionnement mondial en électricité provient toujours de ces deux sources d’énergie. Au T1 2020, les énergies renouvelables variables – le solaire et l’éolien – représentaient 9 % de la production d’électricité, contre 8 % l’année précédente[vi].

Cela ouvre néanmoins de gigantesques possibilités. Le passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables va créer des opportunités de croissance considérables. Les études démontrent que les technologies propres peuvent potentiellement générer 1 000 à 2 000 milliards de dollars d’investissements annuels dans les infrastructures vertes, tout en créant entre 15 et 20 millions d’emplois dans le monde. Les énergies renouvelables pourraient constituer le plus grand secteur de dépenses de l'industrie énergétique en 2021, devant le pétrole et le gaz[vii].

Selon moi, il serait judicieux que les investisseurs commencent dès maintenant à ajuster leurs portefeuilles. Nous devons tous redéfinir ce que seront, pour nous, les moteurs de la croissance économique au cours de la prochaine décennie, et même au-delà.

Réduire les émissions de carbone

Au fil du temps, notre dépendance à l’égard du pétrole et des autres combustibles fossiles a entraîné de graves conflits politiques – allant parfois même jusqu’à la guerre. Le passage aux énergies renouvelables présente des avantages immédiats en réduisant les coûts externes, c’est-à-dire les coûts engendrés par l’activité économique et qui nous concernent tous, comme les frais de santé liés aux canicules ou aux sècheresses, ou encore les pertes provoquées par les inondations.

Pour aller plus loin : What investors need to know about the clean economy

Il est à présent largement admis que nous devons internaliser ces coûts, ce qui implique de donner un prix à la pollution. Le coût des sources d’énergies renouvelables a baissé de façon spectaculaire : le coût moyen actualisé de l’électricité issue de sources durables (c’est-à-dire le coût de l’électricité sur toute la durée d’un projet énergétique) est aujourd’hui plus bas pour les énergies renouvelables que pour la production d’électricité issue du charbon. Cela n’a donc plus aucun sens de continuer à utiliser le charbon, qui coûte désormais plus cher que les énergies renouvelables.

Dans le même temps, le prix du carbone augmente. Différents cadres, ou systèmes d’échange de quotas d’émissions, ont été mis en place afin de fixer le prix du carbone. Dans certains secteurs, les entreprises doivent même acheter, et de plus en plus cher, le droit de générer des émissions de carbone. Ces systèmes d’échange sont de plus en plus nombreux à voir le jour dans un nombre croissant de secteurs énergétiques et industriels partout dans le monde. Ils contribuent à internaliser les coûts des émissions de carbone : si vous générez du CO₂, vous allez devoir le payer - et le payer de plus en plus cher au fil du temps. C’est un paramètre qui modifie radicalement l’économie de certains modèles d’entreprise, et qui devrait conduire à une plus grande efficacité en raison des coûts énergétiques plus bas et plus stables.

La transition

Il n’est pas si facile de remplacer les combustibles fossiles. Goldman Sachs a créé une « courbe du carbone[viii] » pour évaluer chacune des activités économiques utilisant des énergies fossiles, par le biais de la chaîne de valeur, puis a analysé le coût d’un passage du « business as usual » au remplacement des sources d'énergie primaires par des énergies renouvelables. A l’arrivée, la courbe des coûts se révèle très raide… Pour certains secteurs (la production d'électricité, l'agriculture ou d'autres utilisations des terres), la situation est plus simple et moins problématique. On constate une forte augmentation de l'utilisation des véhicules électriques - concrètement, les ventes mondiales de voitures électriques se sont accélérées de 43 % en 2020, pour atteindre plus de 3 millions, malgré un effondrement général des ventes de voitures provoqué par la pandémie[ix].

Pour d'autres secteurs (la transformation industrielle et les transports, notamment aériens et maritimes), la transition vers les énergies renouvelables est très coûteuse. Cependant, de nombreuses nouvelles technologies sont en train de voir le jour, qui touchent tous les secteurs et toutes les activités économiques. La technologie de l'hydrogène, par exemple, effleure à peine la surface de son potentiel en tant que source de carburant pour l'industrie et les transports, tandis que la technologie de réduction des émissions de carbone s'améliore notablement, ce qui offre de nombreuses possibilités de croissance et d'investissement. Le fait que les énergies renouvelables ne représentent encore que 28 % de la production mondiale d'électricité signifie que nous avons encore du chemin à parcourir.

La courbe des coûts de la transition finit par s’aplanir en raison des investissements dans les nouvelles technologies, du soutien des politiques gouvernementales et du fait que davantage de propriétaires d'actifs orientent leurs capitaux vers les technologies de réduction des émissions de carbone. L'Arabie saoudite est en train de bâtir une toute nouvelle ville « zéro émissions » dans le désert, en s’appuyant exclusivement sur les énergies renouvelables et les nouvelles technologies : une expérience bien réelle qui démontre comment nous pouvons changer notre mode de vie de manière plus durable[x].

Les bénéfices à long terme de la transition

En tant qu'investisseurs, il est essentiel de réfléchir aux tendances structurelles qui généreront la croissance économique dans l’avenir. Nous considérons que cela revient à décarboniser les portefeuilles et à investir dans des solutions en faveur du climat. Il faut donc réfléchir à la manière de générer une croissance des bénéfices, dans le futur, à mesure que les modèles économiques se transforment et que nous profitons tous d'une croissance économique accélérée et de la réduction des émissions de carbone. Les producteurs traditionnels de pétrole et de gaz sont en train d'adapter leurs modèles économiques, car ils savent que leur avenir en dépend s’ils ne veulent pas se retrouver avec des actifs échoués. Nous ne nous dirigeons pas vers une disparition totale du pétrole et du gaz : les entreprises continueront à faire ce qu’elles font aujourd’hui, mais en se tournant très rapidement vers les énergies renouvelables.

Nous sommes au début d'une période de transition vers une économie à faible émission de carbone, ce qui ne signifie pas que la croissance économique va ralentir ; au contraire, elle risque d’augmenter. L’inaction entraînerait des coûts et des risques bien trop élevés pour que nous restions les bras croisés. Le chemin sur lequel nous nous engageons impliquera des milliards, voire des centaines de milliards de dollars d’investissement au cours des prochaines années, accompagnés d’opportunités technologiques passionnantes. La transition énergétique ne va pas seulement créer des emplois pour les travailleurs du secteur pétrolier et gazier, elle créera aussi de nouveaux postes dans de nouveaux lieux de travail, à mesure que l'implantation de ces nouvelles sources d'énergie se généralisera dans le monde.

Nous avons besoin d’un retour de la croissance économique, mais aussi d'une réduction des émissions de carbone ; nous avons à présent bien conscience de tous les dangers que représente le changement climatique. Selon moi, la transition énergétique peut apporter des avantages à court et à long terme, car elle ouvre la voie à des possibilités d’investissement et à des opportunités en termes d'impact sur les modèles économiques à venir. Les investisseurs doivent être prêts à jouer leur rôle.

Pour aller plus loin : The changing climate for sustainable investment

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