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22 juin 2021

L’espace : la dernière frontière? Comment le risk management et les données accompagnement l’innovation.

Les lancements de satellites en orbite basse, pardon pour le jeu de mots, explosent. Une réduction spectaculaire du coût des lancements, combinée à l'intérêt suscité par l'exploration de l'orbite basse, signifie que le marché des lancements de satellites en orbite basse ne cesse de croître rapidement. Si cet essor est un levier pour l'innovation, il n’en demeure pas moins qu’il augmente les risques liés au spatial. Denis Bousquet, Global Chief Technical Officer Space chez AXA XL, et Julien Cantegreil, fondateur et CEO de SpaceAble, une start-up spécialisée dans la connaissance et la surveillance de l’environnement spatial, expliquent comment les données peuvent nous aider non seulement à mieux comprendre ces risques, mais aussi à améliorer la durabilité de l'espace. 

Contenu Original : AXA XL

L’année dernière, les lancements de satellites dans l’espace n’ont pas marque de pause. Et ce, malgré la pandémie. En effet, nous avons assisté à 95 lancements en orbite basse, un record depuis 1990, avec une perspective de croissance exponentielle dans les prochaines années.  L’orbite terrestre basse (Low Earth orbit ou LEO en anglais) est un type d'orbite terrestre situé à environ 1 000 km d'altitude de la surface de la Terre.

Le coût d’un lancement en orbite basse a été divisé par 20 au cours des 20 dernières années, ce qui explique que de plus en plus de clients envisagent de mettre des satellites en orbite. Et qui dit multitude d'utilisations différentes des satellites en LEO dit de nombreux types de clients sur le marché - entreprises de télécommunications, armées nationales, organisations de recherche scientifique, pour n'en citer que quelques-uns, chacun contribuant à accroitre la diversité des risques.

Risques

L'année dernière n'a pas seulement été marquée par un grand nombre de lancements en orbite basse, mais aussi par un nombre record d’échecs au lancement depuis plus de 20 ans. La jeunesse de ces lanceurs est une cause d’échec ; il s’agit d’un facteur de risque auquel les assureurs et les risk managers prêtent une grande attention.

Une fois en orbite, si les satellites subissent un dommage ou une panne, ou s'ils ont besoin d'être ravitaillés, ce n'est pas aussi simple que d'emmener une voiture chez un mécanicien ou dans une station-service. À un moment ou à un autre de leur cycle de vie, les satellites tomberont en panne et - pour le dire simplement - à moins que le problème ne soit d'origine logicielle et puisse être traité depuis le sol, il n'y a pas véritablement de moyen de les réparer. 

Cela signifie qu'il y a des débris flottant en LEO - et plus le nombre de satellites est élevé, plus la quantité de débris est importante. Cela augmente les risques de collision et d'endommagement des satellites encore en fonctionnement.

Les satellites qui sont lancés en LEO sont généralement plus petits que ceux qui sont lancés sur des orbites plus élevées. Leur petite taille peut les rendre sensibles à la météo spatiale - phénomène cyclique - et les soumettre à un risque de stress causé, entre autres, par le rayonnement solaire. En recueillant un historique de données précises et fiables sur les causes des défaillances des satellites, nous pourrons améliorer davantage nos solutions d’assurance et anticiper les risques liés aux nouveaux lancements.

C’est pourquoi AXA XL s’est associé à SpaceAble. Grâce à ce partenariat, AXA XL accèdera aux solutions de SpaceAble, dont l’ISSAN (International Space Situational Awareness Network), une collection de données LEO disponible via une plateforme en ligne sécurisée. Ces solutions, conjointement avec l’expertise d’AXA XL en souscription d’assurance et en gestion du risque depuis des décennies, permettront de sophistiquer la gestion du risque et de renforcer la sécurité et durabilité des opérations dans l’espace.

Assurance Spatiale

L’assurance joue un rôle important pour permettre les lancements spatiaux et couvre les trois phases de la mise en orbite des satellites. Tout d'abord, l'assurance peut couvrir les risques associés au lancement de la fusée, depuis l'allumage de cette dernière jusqu'à la séparation du satellite en orbite.

Une assurance peut également être souscrite pour transférer les risques qui peuvent survenir dans la phase post-séparation ; la phase d'exploitation initiale, la mise en orbite, les tests, et la vie en orbite jusqu'à sa réception finale par l’opérateur. 

Troisièmement, l'assurance peut couvrir les risques de la vie en orbite d'un satellite. Cette couverture est souscrite sur une base annuelle et est revue en fonction de l'état de santé du satellite.

En plus des couvertures telles que les pertes d'exploitation éventuelles pour les propriétaires de satellites, les pertes d'exploitation pour les utilisateurs de satellites et les couvertures transport/dommages pour les fabricants de satellites et les fournisseurs de services de lancement, les assureurs spécialisés peuvent proposer des solutions additionnelles afin de couvrir les essais de moteurs, les services en orbite, les vols habités et les pas de tirs, ainsi que des couvertures des risques politiques et de crédit pour les retards de lancement, entre autres. Actuellement, environ un lancement de satellites sur 2 est assuré. 

Préserver l’espace

Comme l’observait l'astronome britannique Fred Hoyle, l'espace n'est pas si éloigné de la Terre. En effet, nous - en tant que planète Terre - faisons nous-mêmes partie de l'espace. Hoyle a noté que "l'espace n’a rien d’un endroit reculé. Il n'est qu'à une heure de route en admettant que votre voiture puisse rouler tout droit vers le haut". Et tout comme la protection de l'environnement et le développement durable sont devenus des moteurs pour les entreprises et la société sur la Terre, ce devrait être la même chose dans l'espace.

L'augmentation rapide du trafic spatial, notamment en orbite basse, accroît considérablement le risque de collisions. Ce qui, à son tour, augmente le potentiel de débris et de retombées.  Aujourd'hui, il y a environ 3 000 satellites actifs en orbite, en 2030 il y en aura probablement jusqu'à 100 000. Nous devons nous demander comment nous pouvons faire de ce marché un marché durable. Nous pensons que l'exploitation et l'extrapolation des données que nous pouvons recueillir grâce à notre partenariat peuvent contribuer à améliorer la gestion des risques et, par conséquent, préserver l’espace.

Utilisation des données

Les capteurs nous donnent également l’opportunité d'essayer de mieux comprendre la météo spatiale et son impact sur la Terre. La météo spatiale peut affecter la Terre de plusieurs façons. Par exemple, les éruptions solaires peuvent créer des tempêtes de black-out radioélectrique, les particules énergétiques solaires peuvent provoquer des pannes électriques dans les satellites et les éjections de masse coronale peuvent provoquer des tempêtes géomagnétiques sur Terre qui peuvent affecter, entre autres, les réseaux électriques. 

Les données que nous pouvons exploiter sur la météo spatiale pourraient, selon nous, nous aider à mieux gérer les risques au sol.  Les capteurs peuvent également nous permettre de mieux comprendre l'effet de la traînée sur les satellites, ce qui nous aidera également à comprendre les forces qui agissent sur les satellites en orbite et les risques qu'elles posent. 

Les données qui peuvent être obtenues et exploitées grâce à l'utilisation de capteurs de surveillance de l’environnement spatial contribueront également, selon nous, à la création de nouvelles réglementations pour les lancements et les orbites. À leur tour, des réglementations internationales plus strictes contribueront à améliorer la sécurité et préserver l’espace.

Vers l’infini et l’au-delà

Nous pensons que cela ne constitue que le début d'un mouvement destiné à mieux utiliser l'espace. Les risques spatiaux sont maitrisables. Et dans l'espace, tout comme sur Terre, une gestion sophistiquée des risques commence par des données de qualité. En comprenant mieux le cycle de vie d'un satellite - les risques auxquels il est confronté et auxquels il résiste, ainsi que les effets des diverses influences sur sa durée de vie - nous pourrons non seulement mieux souscrire les risques spatiaux, mais aussi jouer notre rôle dans l'amélioration de la durabilité de l'espace. 

Une meilleure compréhension des risques encourus par les satellites en orbite basse ne peut, selon nous, que stimuler le marché et susciter de nouvelles innovations à mesure que l'humanité continue d'explorer l'espace. Nous sommes enthousiastes à l'idée de ce que le partenariat entre AXA XL et SpaceAble impliquera pour notre compréhension de l’orbite basse et le rôle que nous pouvons jouer dans ce domaine dynamique et en évolution.

Auteurs

Denis Bousquet (gauche), Global Chief Technical Officer, Space chez AXA XL, et Julien Cantegreil (droit), fondateur et CEO de SpaceAble

Mots-clés:

Finance durable
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