Retour à l'accueil du site AXA
Chris Iggo

Chris IggoAXA IM Chief Investment Officer, Core Investments

28 mars 2022

Les répercussions de la guerre en Ukraine pourraient soutenir l’effort vers le net zéro.

Les répercussions de la guerre en Ukraine pourraient soutenir l’effort vers le net zéro. Ce rapport arrive à point nommé pour nous rappeler le caractère urgent de l’objectif net zéro, au moment où la pandémie de Covid-19, puis la crise ukrainienne, bouleversent les priorités géopolitiques et monétaires.

Contenu Original: AXA IM

Publié quelques mois seulement après la clôture de la COP26, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) donne à réfléchir. Selon l’organisme des Nations unies, le monde va être confronté à de « multiples aléas climatiques inéluctables au cours des deux prochaines décennies », même dans l’hypothèse où l’on parviendrait à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C1.

Toujours selon le GIEC, le dépassement – même temporaire – d’un tel niveau de réchauffement entraînera « des conséquences graves supplémentaires, dont certaines seront irréversibles. Les risques pour la société augmenteront, y compris pour  l’infrastructure et les établissements humaines sur les côtes de basse altitude ».

Ce rapport arrive à point nommé pour nous rappeler le caractère urgent de l’objectif net zéro, au moment où la pandémie de Covid-19, puis la crise ukrainienne, bouleversent les priorités géopolitiques et monétaires.

Car tandis que le GIEC souligne que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations provoquent déjà l’extinction de nombreuses espèces et exposent des millions de personnes à de graves pénuries d’eau potable et de nourriture, les discussions tournent aujourd’hui sur la manière de soutenir la reprise post-pandémie tout en faisant face aux impacts de l’invasion russe en Ukraine.

Nous assistons déjà, avec la reprise économique, à une augmentation des prix de l’énergie entraînant une inflation sans précédent depuis plusieurs dizaines d’années, ainsi qu’un resserrement significatif des prévisions de taux d’intérêt en Europe et aux USA. Mais la guerre suscite de nouvelles inquiétudes concernant la sécurité et l’approvisionnement énergétiques, ce qui incite les gouvernements à réévaluer leurs capacités nationales en termes de combustibles fossiles, alors que les prix continuent de grimper en flèche.

Nouveaux challenges

L’évolution des tensions politiques vers un réel conflit armé a provoqué une liquidation boursière mondiale et fait passer le prix du baril de pétrole au-dessus de la barre des 100 dollars pour la première fois depuis sept ans. Cet acte d’agression de la part du président Poutine, dont le coût humain est déjà extrêmement lourd, a entraîné des sanctions de l’Occident à l’encontre du gouvernement, des oligarques et de certaines banques russes. Mais l’impact économique de cette guerre va provoquer une onde de choc bien plus large.

La Russie occupe en effet une position essentielle sur le plan énergétique. A l’heure actuelle, l’Union européenne importe 90 % du gaz qu’elle consomme, dont 45 % environ est fourni par la Russie, qui représente également 25 % des importations de pétrole et 45 % des importations de charbon2.

En parallèle, la diminution des investissements dans la production d’électricité issue de combustibles fossiles, au profit de modèles énergétiques plus durables, mettrait en difficulté, selon l’avis de certains, le secteur de l’énergie ; un secteur incapable de faire face à l’augmentation soudaine de la demande, les énergies renouvelables n’étant pas en mesure de couvrir un déficit potentiel et les technologies alternatives (notamment le solaire et l’éolien) ne pouvant pas augmenter assez rapidement leur production.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) conseille à l’Europe de réagir sans tarder, et de se préparer à faire face à une grande incertitude concernant les importations de gaz russe au cours de l’hiver prochain3. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a adopté une position identique, exhortant l’UE à mettre fin à sa dépendance au pétrole, au charbon et au gaz russes, ainsi qu’à ne plus compter sur un fournisseur qui la menace explicitement.4

 

La transition sur le fil du rasoir

Les actes du président Vladimir Poutine placent le monde au bord du précipice en termes de transition énergétique. Qu’elle soit volontaire ou forcée, la réduction de notre consommation d’énergies russes va déplacer la demander vers d’autres fournisseurs et d’autres sources d’énergie, ce qui contribuera à maintenir les prix à la hausse à court terme. Et cette volonté d’apporter la réponse la plus souple possible à la hausse des prix et aux pénuries risque d’élever le recours aux combustibles non russes à un niveau incompatible avec la réduction des émissions dans le cadre de l’objectif net zéro.

Renforcer les capacités dans le domaine des énergies renouvelables ou alternatives, comme le nucléaire, prendra du temps et ne résoudra pas la crise des prix actuelle. De nombreux hommes et femmes politiques appellent déjà à la remise en service des centrales à charbon désaffectées pour garantir l’indépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie. Le Royaume-Uni n’exclut pas une levée du moratoire sur la fracturation hydraulique, afin de stimuler la production et de faire baisser les prix des carburants.5.

Si ce sentiment d’urgence est compréhensible, voire nécessaire, il pourrait néanmoins se révéler désastreux en termes environnementaux : si le comportement de la Russie devait entraîner la remise en service des centrales produisant de l’énergie fossile, cela compromettrait tout simplement notre passage à une économie mondiale durable. Les arguments en faveur de la transition énergétique n’ont jamais été, à mon sens, aussi convaincants, et chaque proposition visant à retarder l’abandon des combustibles fossiles devrait être soumise à un examen extrêmement scrupuleux.

N’hésitons pas à tourner résolument notre regard vers l’avenir et à tirer les leçons du passé. Une étude britannique a démontré qu’au début de l’année 2022, les factures d’énergie dépassaient de près de 2,5 milliards de £ les montants qu’elles auraient dû atteindre sans la suppression de nombreuses mesures politiques favorables au climat au cours de la dernière décennie6. Les raccourcis ne sont plus de mise : ce n’est pas au moment où notre dépendance aux combustibles fossiles est la plus onéreuse et la plus dangereuse qu’il faut l’accroître encore davantage.

L’Europe doit donc réussir à se sevrer des combustibles fossiles russes. Mme von der Leyen a réclamé des mesures d’urgence pour atténuer les répercussions de la hausse des prix de l’énergie, diversifier les sources d’approvisionnement en gaz et accélérer la transition vers les énergies propres.7.

La Commission européenne a présenté un plan visant à rendre l’Europe indépendante vis-à-vis des combustibles fossiles russes bien avant 2030. Baptisée REPowerEU, cette stratégie a pour objectif de diversifier les approvisionnements en gaz, d’accélérer le recours aux gaz renouvelables et de remplacer le gaz dans le chauffage et la production d’électricité. L’UE pense réussir à réduire de deux tiers la demande européenne de gaz russe avant la fin de l’année 20228.

 

Prochaine étape

La crise que nous vivons actuellement nous donnera peut-être l’opportunité d’accélérer la transition énergétique de façon à protéger les pays – et les investisseurs – face à des tensions similaires qui pourraient se reproduire dans les années à venir. Le monde reste pour le moment encore trop dépendant des combustibles fossiles pour parvenir à réduire significativement, à brève échéance, les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Le coût élevé des énergies fortement carbonées devrait faciliter la transition vers les énergie renouvelables à un moment où ces dernières bénéficient, grâce à la technologie, d’une baisse des prix à long terme, même s’il faut reconnaître que les événements récents vont avoir des conséquences à court terme.

Les émissions de CO2 seront probablement plus élevées que ce que nous avions prévu il y a un an ou deux, car le contexte actuel rend la transition énergétique plus délicate à opérer ; une augmentation des émissions qui pourrait, en revanche, accélérer les investissements publics et privés dans les énergies vertes et les technologies qui leur sont liées, avec, en ligne de mire, l’inversion de la courbe des émissions et le renforcement de la sécurité énergétique. L’hydrogène et le nucléaire pourraient bien en profiter, tout comme l’énergie solaire et éolienne ainsi que les efforts visant à renforcer l’efficacité énergétique.

Le choc énergétique prolongé, amplifié par la guerre en Ukraine, nous a fait prendre conscience de l’urgence et des implications sociales d’une réelle sécurité énergétique. La question des combustibles fossiles est source de graves problèmes politiques depuis des années, et la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis d’une Russie agressive n’est pas le moindre. Le changement climatique, dont les effets mettent en péril nos modes de vie, constitue lui aussi une menace géopolitique fondamentale. Il serait vain de nous attaquer à la première menace sans prendre en compte la seconde, Sans transition vers une économie à faible émission de carbone, pas de croissance économique durable et, par conséquent, pas d’horizons radieux.

[1] Press release | Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability (ipcc.ch)
[2] Joint European action for more affordable, secure energy (europa.eu)
[3] How Europe can cut natural gas imports from Russia significantly within a year - News - IEA
[4] Joint European action for more affordable, secure energy (europa.eu)
[5] The Observer view on Ukraine and the climate emergency | Observer editorial | The Guardian
[6] Analysis: Cutting the ‘green crap’ has added £2.5bn to UK energy bills - Carbon Brief
[7] Joint European action for more affordable, secure energy (europa.eu)
[8] Joint European action for more affordable, secure energy (europa.eu)

La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.

Disclaimer

This document is for informational purposes only and does not constitute investment research or financial analysis relating to transactions in financial instruments as per MIF Directive (2014/65/EU), nor does it constitute on the part of AXA Investment Managers or its affiliated companies an offer to buy or sell any investments, products or services, and should not be considered as solicitation or investment, legal or tax advice, a recommendation for an investment strategy or a personalized recommendation to buy or sell securities.

Due to its simplification, this document is partial and opinions, estimates and forecasts herein are subjective and subject to change without notice. There is no guarantee forecasts made will come to pass. Data, figures, declarations, analysis, predictions and other information in this document is provided based on our state of knowledge at the time of creation of this document. Whilst every care is taken, no representation or warranty (including liability towards third parties), express or implied, is made as to the accuracy, reliability or completeness of the information contained herein. Reliance upon information in this material is at the sole discretion of the recipient. This material does not contain sufficient information to support an investment decision.

Issued in the UK by AXA Investment Managers UK Limited, which is authorised and regulated by the Financial Conduct Authority in the UK. Registered in England and Wales No: 01431068. Registered Office: 22 Bishopsgate London EC2N 4BQ
In other jurisdictions, this document is issued by AXA Investment Managers SA’s affiliates in those countries.

Comment nous soutenons nos clients sur la voie du "net zéro"

Comment nous soutenons nos clients sur la voie du "net zéro"

En savoir plus
Accompagner l’essor des stratégies ESG

Accompagner l’essor des stratégies ESG

En savoir plus
Changement climatique : quel lien entre  le « net-zéro » et la hausse des températures ?

Changement climatique : quel lien entre le « net-zéro » et la hausse des températures ?

En savoir plus
L’hydrogène vert, un acteur essentiel de la transition énergétique

L’hydrogène vert, un acteur essentiel de la transition énergétique

En savoir plus