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Bruno Bamberger

Bruno BambergerAXA IM Core Solutions Strategist

24 juin 2022

5 principes pour une stratégie Buy and Maintain respectueuse du climat

L’objectif d’une stratégie Buy and Maintain est de constituer un portefeuille de base durable et résilient pour les fonds de pension et autres investisseurs institutionnels, et d’améliorer les rendements du marché des crédits « Investment grade » à long terme, grâce à des portefeuilles très diversifiés qui atténuent la rotation et les frais de transaction. Ces derniers temps, il est de plus en plus évident que pour atteindre ce but, il faut s’attaquer activement aux risques liés au changement climatique et à l’action politique mondiale.

Contenu original : AXA IM

Le monde est toujours sous le coup de la crise ukrainienne et de ses répercussions sur l’approvisionnement et la gestion de l’énergie. Mais nous sommes convaincus que l’élan politique en faveur du net-zéro à l’horizon 2050 n’est pas près de s’éteindre : une opportunité s’offre aux investisseurs de structurer leurs portefeuilles afin de suivre le rythme du changement dans le monde des entreprises et sur les marchés du crédit. 

Pour ce faire, il est nécessaire de se montrer très prudent. Les régimes de retraite qui utilisent des stratégies Buy and Maintain pourraient profiter de l’option climatique apportée à leurs portefeuilles en suivant les cinq principes suivants :

Complétez vos objectifs financiers

C’est la priorité numéro un. La prise en compte du climat, tout comme l’atténuation des risques et l’engagement en faveur du net-zéro, doit servir à améliorer, ou du moins à maintenir, les performances financières. L’intégration de l’enjeu climatique prend davantage en compte les risques émergents et matériels, notamment les tendances de consommation et les sanctions réglementaires, et ces risques sont susceptibles d’augmenter les possibilités de rabattement et de déclassement. 

C’est l’analyse de différents scénarios qui nous permet d’élaborer notre cadre de compréhension ; une équipe d’analystes en recherche fondamentale sur le crédit intègre le climat dans le processus de recherche pour les facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) comme pour les facteurs financiers. En parallèle, les gestionnaires de portefeuilles sont chargés de structurer les portefeuilles de manière à minimiser les risques climatiques sur de plus longues échéances. L’objectif est d’obtenir un profil de risque climatique amélioré qui minimise les ventes forcées, tout en laissant les bénéfices environnementaux plus larges se répercuter au fil du temps. Une démarche qui peut être intégrée dans la structuration d’une stratégie d’investissement axée sur le portefeuille CDI (cashflow-driven investing) d’un régime de retraite, le cas échéant.  

Il ne s’agit pas d’être « vert » à tout prix, mais plutôt d’une approche d’investissement Buy and Maintain à faible rotation dont le but est de réduire les coûts et d’orienter les risques climatiques vers des échéances plus courtes, où les réinvestissements pourraient régulièrement remodeler les portefeuilles en direction d’un alignement sur l’objectif net-zéro, tout en récompensant les leaders de la transition.  

Investissez dans la transition

Chaque portefeuille, même s’il est entièrement aligné sur le principe du net-zéro, est susceptible de ressentir les effets des risques physiques entraînés par le changement climatique. En finançant la transition, les fonds de pension peuvent potentiellement préserver tout un faisceau d’opportunités plus larges, maintenir de meilleurs niveaux de spreads et réduire le turnover, tout en accompagnant les entreprises très génératrices d’émissions sur la voie du net-zéro. Ceci devrait contribuer à atténuer les risques physiques plus larges liés au changement climatique et à bâtir des économies plus durables.

Les stratégies climatiques Buy and Maintain devraient donc, selon nous, être constituées d’émetteurs déjà alignés sur le principe du net-zéro ou en cours d’alignement, et d’émetteurs proposant des solutions en faveur du climat (comme les obligations vertes), capables de financer directement les entreprises et les projets visant à atténuer le changement climatique, ou du moins à s’y adapter.

Réduire l’intensité carbone au sein des portefeuilles est relativement simple. Se séparer des entreprises les plus polluantes permettrait de réduire considérablement les émissions. Un exemple, tiré de notre portefeuille standard, prouve que la vente des 5 % d’entreprises les plus émettrices réduirait de 40 % les émissions. Cela dit, les investisseurs doivent toutefois se méfier des exclusions globales qui risquent d’écarter les entreprises les plus émettrices engagées dans l’objectif du nez-zéro mais pour qui le chemin reste encore long. Une politique trop exigeante pourrait rétrécir l’univers d’investissement, augmenter le risque de concentration et priver de capitaux des entreprises véritablement engagées sur la voie de la transition. 

Bien entendu, l’exclusion ou le désinvestissement des retardataires climatiques qui n’ont pas fait suffisamment de progrès ou ne montrent pas assez leur volonté de s’engager dans une stratégie en faveur du net-zéro (ou à la demande d’un client) reste une option, surtout s’ils sont exposés à un nombre croissant de risques liés au climat.

Chaque secteur au sens large peut jouer son rôle dans la transition. Les entreprises de services publics les plus performantes resteront, à l’avenir, aussi essentielles qu’elles le sont aujourd’hui, et la réussite de leur transition constituera une étape cruciale sur la voie du net-zéro. 

Nous pensons également qu’il sera essentiel de soutenir une « transition juste » qui prenne en compte les effets sociaux du déclin des industries et des modifications apportées à notre mix énergétique. De violentes fluctuations dans les lieux de travail et les façons de travailler pourraient laisser des communautés entières sur le bord de la route et accentuer les inégalités. Les régimes de retraite peuvent, selon nous, contribuer à atténuer les impacts et à limiter les risques sociaux pour les avoirs à long terme, en élargissant leur analyse de la transition.

Passez à la mise en œuvre

Notre approche et notre analysent influencent directement la prise de décision en matière de portefeuille. Début 2022, nous nous sommes séparés d’une entreprise qui proposait des solutions d’énergie renouvelable, parce qu’elle avait décidé d’investir dans une centrale à charbon qui constituait alors une part importante de ses revenus. Malgré son appartenance au secteur des énergies propres, nous avons jugé cette nouvelle orientation incompatible avec les portefeuilles respectueux du climat et nous avons pris la décision de vendre, pour réinvestir dans une entreprise mieux alignée sur le principe du net-zéro et offrant des caractéristiques financières plus favorables.

Alignez-vous sur l’objectif net-zéro

Nos stratégies climatiques de crédit Buy and Maintain visent toutes l’objectif « zéro émissions net » à l’horizon 2050 ou avant, mais c’est la nature de cet alignement qui est essentielle. Voici quelques exemples parlants de la façon dont nos clients fonds de pension cherchent à atteindre cet objectif : 

  • Fixer un objectif d’alignement à 100 % sur le net-zéro pour les portefeuilles d’ici 2050, avec un objectif intermédiaire de 50 % de réduction des émissions à l’horizon 2030.
  • Fixer une série d’objectifs concernant le degré d’alignement des portefeuilles dans le temps. Par exemple, faire en sorte que tous les émetteurs soient alignés, en cours d’alignement ou parvenus au net-zéro d’ici 2030, sur la base des six catégories de l’IIGCC (Institutional Investors Group on Climate Change).

Selon nous, chercher à réduire le carbone ne doit pas se faire au détriment de la performance du portefeuille ou de la poursuite plus large de nouveaux modèles économiques recherchés par les investisseurs responsables à long terme. Le deuxième exemple, ci-dessous, illustre peut-être bien la manière dont un investisseur pourrait augmenter progressivement la proportion d’émetteur ayant des objectifs net-zéro ambitieux mais réalisables, en s’appuyant sur les recherches approfondies menées par notre équipe de recherche fondamentale sur le crédit. 

Idéalement, et en particulier pour un portefeuille Buy and Maintain à faible rotation, ce processus d'alignement croissant s'effectue par le biais d'un réinvestissement naturel des liquidités et de la capitalisation de tout nouvel afflux de clients plutôt que par une rotation active, afin d'éviter des coûts de transaction inutiles et coûteux. Au niveau de l'ensemble du portefeuille, nous n'acceptons l'exposition à des risques climatiques plus élevés qu'à des échéances plus courtes, en favorisant les émetteurs qui sont plus alignés et présentent des risques climatiques plus faibles à long terme. Les gestionnaires de portefeuille peuvent alors permettre à la dette à court terme d'être remboursée et décider de réinvestir avec le même émetteur ou de rechercher des entreprises du même secteur qui ont prouvé de manière plus convaincante leur leadership en matière de climat. Cela permet d'éviter que nos portefeuilles ne détiennent des actifs échoués, c'est-à-dire des actifs ayant peu ou pas de valeur économique dans un monde en transition.

Selon nous, en apportant à leurs actifs des modifications axées sur l’action climatique, les fiduciaires devraient pouvoir tirer profit de ce schéma, quel qu’en soit le résultat final. Ceux qui visent l’autosuffisance renforceront sans doute leur résilience à long terme face au changement climatique, tandis que ceux qui se concentrent sur le transfert de risque obtiendront des portefeuilles plus étroitement alignés sur ceux des compagnies d’assurance prenant en charge leurs actifs. Cette stratégie est susceptible de faire baisser le coût des transferts, tout en réduisant les risques de portefeuille à court terme liés aux modifications du cadre réglementaire, mais aussi les répercussions sur les prix des actifs.

Engagez-vous à tous les niveaux

Un dialogue concerté avec la direction de l’entreprise fait partie intégrante du processus Buy and Maintain. Nous sommes persuadés qu’un réel engagement contribue à modeler la stratégie d’entreprise et à renforcer la résilience face aux impacts du changement climatique. L’engagement doit donc constituer un élément clé de la démarche de transition des entreprises, et donc des portefeuilles, pour atteindre leurs objectifs en matière de climat.   

Prendre part au vote lors des assemblées générales d’entreprises dont nous sommes actionnaires n’est qu’un des outils dont nous disposons ; en réalité, les investisseurs à revenu fixe disposent d’un large éventails de possibilités pour concrétiser significativement leur engagement.

L’engagement le plus efficace, de notre point de vue, doit être permanent et se manifester à tous les niveaux – depuis les analystes de crédit qui s’engagent auprès des sociétés émettrices jusqu’aux ingénieurs quantitatifs qui assurent la liaison avec les fournisseurs de données, en passant par l’engagement auprès des organismes sectoriels et des régulateurs. En matière d’action climatique, chacun de ces interactions, qui viennent s’ajouter aux partenariats industriels, est conçue pour renforcer la durabilité des entreprises et favoriser leur alignement sur l’objectif net-zéro.  

Outre les avantages environnementaux et sociaux plus larges engendrés par cette contribution au net-zéro, l’engagement devrait selon nous, à moyen et long terme, faciliter la mise en œuvre des trois premiers principes, tout en participant à atténuer les risques. L’engagement rendrait les entreprises les plus soucieuses de durabilité plus promptes à répondre à la demande de consommateurs plus exigeants, tout en étant moins exposées aux obstacles de la réglementation ou aux questions relatives au travail (notamment les grèves). Elles seraient également moins susceptibles d’être laissées pour compte par les investisseurs, ce qui signifie aussi que ces émetteurs doivent faire face à des risques moins élevés de rabattement ou de déclassement. 

Du point de vue du portefeuille, accompagner davantage d’entreprises vers l’alignement puis vers le net-zéro permettrait de conserver une bulle d’investissement plus large, dans laquelle les gestionnaires de portefeuille pourront sélectionner les obligations tout en maintenant une grande diversification

Prouvez votre transparence

Les fonds de pension sont confrontés à une charge de reporting de plus en plus pesante, qui exige de disposer de données claires et opportunes de la part des gestionnaires d’actifs. Les progrès accomplis en suivant les principes énoncés ci-dessus doivent être clairement communiqués aux clients, en parallèle des mesures financières plus traditionnelles, pour qu’ils puissent constater l’amélioration des résultats et l’impact réel d’une nouvelle stratégie.

Mais quelles sont les mesures que les propriétaires d’actifs doivent prendre en compte et réclamer à leurs gestionnaires ? A l’heure actuelle, il n’existe aucune outil unique permettant de mesurer l’alignement sur le principe du net-zéro, ce qui exige de disposer d’un tableau de bord comportant différentes données, accompagnées d’explications claires. Selon nous, ces rapports devraient inclure, a minima, les variétés d’émissions de carbone, le degré d’alignement sur le net-zéro et une estimation des risques liés au climat.  

De plus, ces mesures doivent être :

  • Simple à comprendre, pour permettre aux investisseurs et aux parties prenantes finales de bien les comprendre et les évaluer ;
  • Cohérentes dans le temps, afin que les progrès accomplis par rapport aux indicateurs puissent être suivis sur la durée ;
  • Aggregables à travers les mandats et les classes d’actifs, pour que les clients puissent établir un rapport sur l’ensemble du portefeuille ; et surtout
  • Pertinentes par rapport aux exigences réglementaires et aux objectifs d’investissement des clients.

En suivant cette méthode, les clients des fonds de pension pourront avoir une vision claire des impacts réels et potentiels du changement climatique sur leur portefeuille – et seront capables de se fixer des objectifs liés au climat à la lumière de ces connaissances – tout en cherchant à obtenir des rendements durables à long terme qui leur permettront de répondre aux obligations des passifs du régime (scheme liabilities) , tout au long des prochaines décennies.

La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.

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