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David Page

David PageHead of Macro Research, AXA IM

27 octobre 2021

Changement climatique : le coût de l’inaction

Le changement climatique est la plus grande menace à laquelle l’humanité est exposée, et le caractère d’urgence des actions à entreprendre s’est considérablement accru. En deux mots, si nous ne réagissons pas face à cette menace, nous risquons de mettre en péril l’économie mondiale, et avec elle les rendements des investissements durables sur le long terme.

Contenu Original: AXA IM

En novembre, le Royaume-Uni accueillera la 26e Conference of the Parties (COP26) mise en place chaque année par l’ONU. Un événement que ses organisateurs qualifient de « dernière grande opportunité de reprendre le contrôle du climat ». 

Le changement climatique est la plus grande menace à laquelle l’humanité est exposée, et le caractère d’urgence des actions à entreprendre s’est considérablement accru. En deux mots, si  nous ne réagissons pas face à cette menace, nous risquons de mettre en péril l’économie mondiale, et avec elle les rendements des investissements durables sur le long terme.

Mais le temps ne joue pas en notre faveur ; le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a très sobrement affirmé, en 2021, qu’il était « plus probable qu’improbable » que la limite de 1,5°C visée lors de la COP21 (Paris, 2015) soit franchie au cours des vingt prochaines années1.

Il est donc crucial d’agir, et sans attendre. Comme l’affirme le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres : « Il n’y a pas de temps à perdre ni d’excuses à trouver2. »

La communauté internationale commence toutefois à tenir compte de ces avertissements. Les Etats-Unis et la Chine (les deux principaux émetteurs de CO₂ du monde) se sont engagés cette année à atteindre l’objectif net zéro en termes d’émissions, d’ici 2050 et 2060 respectivement, rejoignant ainsi la plupart des autres grandes économies, qui ont déjà pris des engagements similaires.

Chiffrer le coût de la transition

Ramener les émissions de gaz à effet de serre (GES) à un niveau net zéro au cours des prochaines décennies est un défi de taille, dont le coût s’annonce très élevé. Cela suppose en effet un réalignement de l’économie mondiale à partir de la base, ce qui entraînera des changements importants dans tous les foyers, les entreprises, les usines, les villes et les pays à travers la planète. 

A mesure que les plus grandes nations s’engagent à réduire leurs émissions, apparaissent de nouvelles façons de calculer le coût de la lutte contre le changement climatique.

L’université de Princeton estime que les USA devront investir 2 500 milliards de $ (soit 11 % de leur PIB) d’ici 2030 pour pouvoir atteindre l’objectif net zéro en 2050. La Commission européenne, quant à elle, parle d’un investissement de 3 500 milliards de € au cours des dix prochaines années (soit 25 % du PIB), tandis que l’université de Tsinghua University prévoit que le plan chinois coûtera au cours des quatre prochaines décennies 138 000 milliards de RMB (environ 21 600 milliards de $), ce qui représente 122 % du PIB du pays3.

Plus récemment, dans son rapport World Energy Outlook, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a affirmé que le réchauffement mondial devrait dépasser les prévisions les plus prudentes de l’Accord de Paris, et ce, même si tous les engagements pris actuellement par les gouvernements étaient tenus dans les délais.  

L’AIE appelle à accélérer la transition énergétique, car elle prévoit que le réchauffement climatique atteindra 2,1 °C à l’horizon 2100 selon le scénario actuel. D’après les conclusions de son rapport, les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20 % des réductions d’émissions nécessaires d’ici 2030 pour maintenir possible l’objectif du net zéro en 2050. Pour l’atteindre, il faudrait investir chaque année jusqu’à 4 000 milliards de $ au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en développement4.

Des estimations plus larges sont réalisées pour chiffrer les investissements nécessaires à plus long terme. Morgan Stanley prévoit par exemple qu’il faudrait 50 000 milliards de $ pour transformer ce que le groupe bancaire décrit comme les cinq industries clés : énergies renouvelables, véhicules électriques, hydrogène, captage / stockage du carbone et biocarburants5.

L’investissement, pas le coût

Les chiffres qui précèdent représentent toutefois des prévisions d’investissements, et non des coûts réels. L’investissement donnera une impulsion positive à l’activité économique, en soutenant directement la demande. Mais au-delà de ce coup de pouce, il faut s’attendre à d’autres retombées favorables, qui pourraient intéresser les investisseurs. Pour n’en citer que quelques-unes :

  • Réduction des coûts : Soutenu dans de nombreux pays par des subventions gouvernementales, l’investissement dans les panneaux solaires a réduit les coûts de façon spectaculaire au cours des dernières décennies. Depuis 2010, leur prix moyen a baissé de 82 % aux USA, pour atteindre l’équivalent de 0,068 $ par kilowatt/heure (kWh), contre 0,32 $ /kWh pour le charbon ; le solaire et l’éolien terrestre sont désormais les sources d’énergie les moins chères, et les futurs investissements dans d’autres technologies devraient également faire baisser les coûts liés à la transition6.
  • Stimulation de la productivité : L’investissement dans les nouvelles technologies devrait aussi permettre d’améliorer l’efficacité, de renforcer la productivité globale et d’augmenter la croissance économique potentielle.
  • Recul du sous-investissement et renforcement des externalités positives : Les infrastructures sont un bien public dont le nombre est souvent insuffisant dans les économies de marché. Augmenter les investissements dans les infrastructures clés peut générer des externalités positives supplémentaires, en améliorant la résilience d’un réseau électrique, par exemple.
  • Bienfaits pour la santé : La baisse de production d’électricité issue du charbon et le passage décisif aux véhicules électriques permettront de réduire les émissions de particules polluantes qui sont à l’origine d’une myriade de pathologies, notamment l’asthme. Les effets positifs de la transition énergétique sur la santé devraient entraîner une réduction des frais médicaux, diminuant ainsi le coût net de l’investissement initial.

Estimer le coût net de l’évitement

L’évaluation des effets combinés (effet positif de l’augmentation des dépenses d’investissement contrebalancé par la perte de production) est par nature incertaine. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une « transition décisive » pourrait entraîner une hausse de 2,5 % du PIB mondial à l’horizon 2050. D’autres organismes sont moins optimistes quant à l’impact net du changement. Le Fonds monétaire international (FMI) estime par exemple que, dans un scénario limitant la hausse de la température à seulement 1,5°C, le PIB mondial baisserait de 1 % d’ici 20507.   

Le Network for Greening the Financial System (NGFS), un réseau de banques centrales et d’autorités de surveillance, a étudié plusieurs scénarios possibles et prévoit qu’un scénario compatible avec l’objectif du net zéro ferait probablement baisser d’environ 2 % le PIB mondial d’ici 2050 ; une chute qui pourrait toutefois atteindre 5 % dans le cas d’une « transition retardée » démarrant plus tard, avant de remonter à 2,5 % d’ici 21008.

Le coût de l’inaction climatique

La comparaison la plus significative doit se faire par rapport au coût qu’entraînerait l’inaction vis-à-vis du changement climatique. Et même si ces estimations sont inévitablement incertaines, les prévisions actuellent dessinent un tableau plutôt sombre. Les prévisions du NGFS, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5 % du PIB mondial d’ici 2050, et jusqu’à 13 % d’ici 21009.

Bien sûr, les politiques climatiques actuelles pourraient facilement s’émousser, voire être totalement abandonnées au cours des prochaines décennies. A deux reprises, les Etats-Unis sont revenus sur leurs engagements internationaux en matière de lutte contre le changement climatique, en refusant de ratifier le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris ; fondamentalement, les positions prises par les nations en faveur de ce combat ne sont pas garanties dans le futur.

Plusieurs organismes ont donc livré leurs prévisions concernant la baisse du PIB en cas d’inaction face au dérèglement climatique. Le NGFS prévoit que les pertes dépasseraient 6 % du PIB mondial d’ici 2050, tandis que selon l’OCDE les pertes globales s’élèveraient à 10 à 12 %. Le scénario le plus pessimiste est celui du FMI, pour qui elles avoisineraient les 25 %10.

L’évaluation des coûts de la lutte contre le changement climatique est d’autant plus difficile à réaliser que les pertes se produisent à court terme, alors que les retombées positives sont, elles, perceptibles sur la durée. Les coûts, en outre, varient selon les économies et les zones géographiques, qui subiront plus ou moins gravement les pertes de production liées à l’atténuation du changement climatique, tout en étant plus ou moins durement touchées par le réchauffement climatique lui-même.

Un avenir plus lumineux

Le coût de l’atténuation du changement climatique est sans aucun doute gargantuesque. Mais si nous n’unissons pas nos forces pour faire face à cette urgence, on estime que les pertes potentielles liées à un changement climatique débridé seront bien plus lourdes encore, compte tenu du risque d’événements météorologiques extrêmes, de perturbations sociales et de chute de l’activité économique.

Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée. Réussir la transition énergétique nous permettra d’envisager un avenir économique plus solide et plus durable. En favorisant l’essor de nouvelles technologies et industries, cette transition peut contribuer à l’augmentation de la croissance économique absolue, délivrer des retours sur investissement plus durables et nous garantir à tous un meilleur cadre de vie.

Sources

[1] Sixth Assessment Report (ipcc.ch)

[2] Secretary-General Calls Latest IPCC Climate Report ‘Code Red for Humanity’, Stressing ‘Irrefutable’ Evidence of Human Influence | Meetings Coverage and Press Releases (un.org)

[3] European Commission, Princeton University, Tsinghua University and AXA IM Research, September 2021

[4] World Energy Outlook 2021 – Analysis - IEA

[5] Decarbonization: The Race to Zero Emissions, Morgan Stanley October 2019

[6] International Renewable Energy Agency (IRENA) 2019

[7] OECD, IMF – AXA IM The cost of climate change: Action versus inaction | AXA IM Corporate (axa-im.com)

[8] NGFS / AXA IM The cost of climate change: Action versus inaction | AXA IM Corporate (axa-im.com)

[9] NGFS / AXA IM September 2021

[10] NGFS / IMF / AXA IM September 2021

Avertissement

La version française est une traduction de l’article original en anglais, à des fins informatives exclusivement. En cas de divergences, l’article original en anglais prévaudra.

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