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10 juin 2020

Crise du Covid-19 : « un point de bascule pour l’assurance ? »

Alban de Mailly Nesle, directeur des risques et des investissements d'AXA, explique pourquoi la crise du Covid-19 pourrait constituer un point de bascule pour le secteur de l'assurance, avec des répercussions durables sur la manière dont les assureurs anticipent et couvrent les grands risques.

En tant que directeur des risques et des investissements, quelle est ta vision de la crise du Covid-19 ?

C’est une situation inédite. Cette crise est unique en son genre. Alors que nous traitons le plus souvent des sinistres parfois graves mais le plus souvent limités dans leur apparition et propagation, nous sommes ici les témoins d’une crise « totale » : tous les pays ou presque sont touchés en même temps, avec plus de la moitié de la population mondiale confinées chez elle et des économies à l’arrêt.
C’est aussi une crise complexe. Elle est sanitaire, elle a mis en tension nos systèmes de santé, causant à ce jour plus de 350 000 décès. Elle est économique, l’arrêt de nos économies a provoqué l’une des pires récessions depuis la Seconde guerre mondiale. Elle pourrait devenir sociale, voire politique, selon l’ampleur du choc et la manière dont les États y répondent.

Es-tu surpris par cette crise ?

Ce qui nous a surpris, c’est la réaction des gouvernements qui ont décidé de confiner leurs populations, entrainant un arrêt de nos économies au-delà de ce que nous pouvions anticiper. Ce n’était pas arrivé dans les précédentes pandémies, notamment celles dans les années 50 et 60, les dernières en date. La valeur de la vie humaine a donc augmenté, et il faut s’en féliciter, mais cela a un impact colossal sur l’économie.
Cette crise est donc surprenante dans son ampleur, mais pas dans sa matrice. Elle illustre un nouveau phénomène majeur dont nous avions parlé dans notre dernier "Future Risk Report" : l’interconnexion des risques. L’uniformisation des modes de vie et la mondialisation jouent aujourd’hui un rôle essentiel dans la propagation des risques. C’est un accélérateur puissant.
Il faut aussi rappeler que nous avons traversé ces dernières années plusieurs épisodes épidémiques, même s’ils n’ont pas atteint le stade de pandémie. Après l’épisode du SRAS en 2003, on a d’ailleurs vu en Asie des entreprises demander à s’assurer contre ce type de risques, même si ces contrats sont restés très rares. L’ensemble de ces signaux nous a poussés à développer un nouveau model actuariel pour les pandémies, que nous avons déployé avant le début de la crise actuelle. Il s’est révélé aligné avec la réalité de la situation.

Les assureurs peuvent-ils jouer leur rôle face à de tels risques ?

Les assureurs agissent déjà beaucoup. Partout où nous sommes présents, nous jouons notre rôle et honorons les contrats, notamment en santé et prévoyance. Nous sommes même allés parfois au-delà, en consentant à des efforts de solidarité exceptionnels. AXA a mobilisé près de 400 millions d’euros pour aider ses clients et la société.
Le sujet qui a fait l’objet de débats est celui des pertes d’exploitations. Cette crise a révélé que ce risque n’est pas couvert, ou très rarement, en cas de pandémie. La raison est simple, en cas de pandémie, comme de guerre d’ailleurs, tout le monde est touché en même temps. Il ne peut donc pas y avoir de mutualisation des risques. Or c’est un fondement essentiel de l’assurance.
Mais nous pouvons innover. C’est pourquoi nous avons lancé, en France dans un premier temps, une réflexion de place pour mettre en place un mécanisme qui associe l’Etat et les acteurs privés pour couvrir des risques liés à des pandémies, comme c’est déjà le cas pour les catastrophes naturelles. Seule une action commune du public et du privé, ainsi qu’une mutualisation dans le temps, peut permettre de couvrir de tels risques.

Y aura-t-il un avant et un après pour l’assurance ?

Cette crise peut être un point de bascule pour l’assurance. D’une part, elle a révélé notre sous-estimation des risques sanitaires. Alors que les grandes pandémies semblaient appartenir au passé, cet épisode nous démontre que le risque est toujours d’actualité et que le « protection gap » reste important. Nos sociétés, demain, seront encore plus exigeantes au regard de leur santé.
D’autre part, cette crise est révélatrice d’une transformation de la nature des risques. Pandémies, risque cyber, changement climatique … les menaces sont mondiales et complexes. Elles demandent des réponses coordonnées entre les Etats, et des assureurs solides pour absorber les chocs et experts pour comprendre les risques.
AXA est l’un d’eux. Au fond, cette crise valide pleinement notre vision stratégique de désensibilisation aux risques financiers et de développement sur les marchés des grands risques et de la santé.

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